DOSSIER – La boulimie: le désir de s’en sortir

TROUBLE ALIMENTAIRE. Par Stéphanie Paradis / Sarah Philibert a été aux prises avec la boulimie pendant près de dix ans. Est-ce tabou d’en parler? Selon la jeune femme de 26 ans, ce l’est beaucoup plus que l’anorexie, car la boulimie ne paraît pas toujours.

Un fort désir l’a toujours habitée et c’était celui de s’en sortir et d’en parler, car lors de ses recherches, elle trouvait généralement des témoignages sur l’anorexie, mais très peu sur la boulimie.

«L’anorexie et la boulimie sont mises dans la même catégorie, mais ce sont deux problèmes différents. Aujourd’hui, je ne veux pas être gênée d’en parler et je veux que les personnes qui en souffrent comprennent qu’elles ne sont pas toutes seules.»

Une échappatoire

La boulimie est au départ une façon de contrôler son poids, mais qui devient rapidement une façon de contrôler aussi le reste de sa vie. Chez Sarah, cela passait par un besoin profond d’être parfaite, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Beaucoup d’éléments déclencheurs sont possibles. Parfois, ceux-ci s’additionnent les uns aux autres.

Le déclencheur de Sarah, c’est dans le milieu sportif de haut niveau qu’elle l’a retrouvé. Le monde de la nage synchronisée n’est pas toujours rose.

Étant partie de chez elle à 12 ans pour s’entraîner 35 heures par semaine à Montréal, Sarah ressentait sans cesse de la pression pour performer et bien paraître.

Du régime à la boulimie

À peine quelques mois après son départ de la nage synchronisée, Sarah Philibert a vécu à l’âge de 15 ans une crise d’identité. La nage faisait partie de sa vie depuis qu’elle avait 7 ans, alors ce qui à ses yeux constituait son identité n’était plus.

Suite à l’arrêt de l’entraînement rigoureux auquel elle était habituée, elle a pris un peu de poids.

Elle a donc commencé un régime alimentaire qui l’a lentement et sournoisement menée vers la boulimie. Elle a cependant pris rapidement conscience de la gravité de son état et a décidé de s’en sortir par elle-même.

Bien qu’à 19 ans elle contrôlait déjà mieux son trouble alimentaire, c’est à 22 ans qu’elle a réellement enclenché le processus de guérison.

En guise de thérapie, elle a opté pour un cours de yoga qui vise à la formation d’instructeurs, ce qui requiert un certain cheminement intérieur. Même si à l’époque son but n’était pas d’enseigner, elle donne actuellement une douzaine de cours par semaine et développe son entreprise dans le domaine.