DOSSIER: devenir mère porteuse, un long processus

MATERNITÉ. Le parcours pour devenir mère porteuse est long. Plusieurs tests doivent être faits par des professionnels de la santé avant d’amorcer la grossesse.

«On a plein de tests à faire, de mon côté, de celui des parents et de celui de mon mari pour être sûr que personne n’a de maladie. C’est un processus règlementé par Santé Canada, alors il y a des tests qu’on est obligé de passer», explique Isabelle (nom fictif), future mère porteuse de Trois-Rivières.

Avant et pendant la grossesse, Isabelle devra suivre à la lettre un protocole hormonal.

«Je m’injecterai une première dose une semaine avant les menstruations, pour mettre mes hormones à zéro, indique-t-elle. Après les menstruations, je me fais d’autres injections pour faire épaissir l’endomètre de l’utérus.»

«Quand l’endomètre est assez épais, je m’injecte de la progestérone jusqu’à ce qu’on transfère l’embryon, ajoute-t-elle. Une semaine et demie plus tard, on va savoir, avec un test d’urine et de sang, si l’embryon s’est accroché et si la grossesse a débuté. Vu que c’est une grossesse provoquée, mon corps ne sait pas que je suis enceinte et qu’il y a un ovule dans mon utérus. C’est pour ça que je dois me faire des injections.»

Par la suite, elle devra continuer de se faire des injections d’hormones pendant douze semaines pour s’assurer que le placenta est actif et qu’il prenne la relève.

Aucune garantie légale

S’ajoute à cela des rencontres avec un avocat pour établir les règles du contrat. Il faut savoir que d’être rémunéré pour porter un enfant est illégal au Québec. Ce qui est légal, c’est de rembourser les dépenses encourues liées à la grossesse, avant et pendant la grossesse.

Par exemple, les frais de médicaments, d’épicerie, de vêtements de maternité, de déplacements et les frais pour faire garder les enfants pendant les rendez-vous peuvent être remboursés.

«En tout, j’ai droit à des dépenses totalisant 20 000 $, mentionne Isabelle. Tout est mentionné dans le contrat, je sais ce qui est inclus et ce qui ne l’est pas.»

Être mère porteuse, c’est un grand don de soi, mais c’est aussi un pensez-y-bien.

«On a un contrat, mais ce contrat n’est pas légal au Québec. C’est plus un engagement moral. Aux yeux de la loi, je reste légalement la mère de l’enfant. À tout moment, je pourrais décider de le garder et le couple n’aurait aucun pouvoir. Pour l’instant, il n’y a aucune garantie légale au Québec, alors il faut être certain de ce qu’on fait et il faut faire confiance aux gens quand on s’embarque là-dedans, autant des deux côtés.»

À l’inverse, Isabelle pourrait accoucher d’un enfant handicapé et le couple pourrait décider de ne plus le garder. Ou encore, si à l’échographie de 20 semaines, les médecins découvrent que l’enfant est lourdement handicapé, le couple pourrait demander à Isabelle de se faire avorter.

Elle aurait le choix d’accepter ou de refuser, mais la cause pourrait quand même être entendue en cour.