Détresse psychologique chez les préposés aux bénéficiaires

SANTÉ. Les résultats d’une nouvelle étude menée auprès des préposés aux bénéficiaires (PAB) du CIUSSS MCQ démontrent une détresse psychologique importante, selon l’interprétation présentée des données. «Des résultats troublants», selon Rosaire Hamelin, président du SQEES-FTQ du personnel paratechnique, services auxiliaires et métiers pour l’ancien CSSS de Trois-Rivières.

«Un homme commence à vomir dans le 27-2. Ça sonne dans les 70-1 et 70-2. Ils ont la chiasse et pas toute leur tête. Le 68-1 crie qu’on veut le tuer, le voler pendant qu’un code blanc est lancé contre un homme intoxiqué qui fesse sur les infirmières. Madame X dans le 0 est en convulsion et sa voisine tente en vain de nous avertir et tombe. Et c’est comme ça tous les jours», témoigne un préposé aux bénéficiaires dans son questionnaire.

«Les résultats de l’étude viennent confirmer nos présomptions. Le métier de PAB est exigeant et peu valorisé. C’est 93% des personnes PAB qui estiment qu’elles ont trop de patients, ce qui fait en sorte qu’elles manquent de temps pour bien faire leurs tâches (88%), constate M. Hamelin.

«De plus, le questionnaire démontre que 56 % des PAB ont des symptômes d’épuisement élevé qui va de modéré à supérieur», poursuit-il.

Pascal R. Doyon, chercheur et représentant syndical, affirme que c’est la population qui souffre de cette détresse chez les PAB. Une majorité de répondants reconnaissent avoir déjà vu un collègue épuisé avoir des comportements inadéquats, tels qu’insulter des consœurs et des confrères, ou des patients.

«L’étude démontre que l’épuisement peut mener à commettre des actes qui vont à l’encontre de l’intérêt du personnel, mais aussi de la population. Cet épuisement amène des conséquences en ce qui a trait à la sécurité et au confort des patients, ainsi qu’à la sécurité du personnel. Cela devient prioritaire de mettre en œuvre les actions nécessaires pour corriger la situation», explique M. Doyon.

Le syndicat souligne que les répondants au questionnaire identifient le ministre Gaétan Barrette comme le principal responsable des problèmes liés à leur travail, suivi par le ministère de la Santé et des Services sociaux ainsi que l’administration du CIUSSS MCQ.

«En regardant les résultats obtenus, je ne suis pas convaincu que la réforme Barrette est un succès sur le plan humain», lance Ghyslain Parent, responsable du volet éthique de l’étude.

Le Syndicat québécois des employées et employés de service, affilié à la FTQ, a rendu publics ce matin les résultats de l’étude. Celle-ci a été réalisée à l’aide d’un questionnaire proposé aux PAB du CIUSSS MCQ. L’étude a été pilotée par le chercheur et représentant syndical Pascal R. Doyon M.A. Éd. et le professeur de l’UQTR, responsable du volet éthique de l’étude, Ghyslain Parent Ph. D.

Ghyslain Parent confirme que le taux de réponse de 41,5%, soit 405 répondants répartis sur la grandeur du territoire, remplit les exigences universitaires. «Nous pouvons être assurés que la méthodologie est à la hauteur des standards les plus élevés autant sur le plan de la recherche que de l’éthique».

M. Parent précise qu’il aurait même été satisfait avec un taux de participation de 20 à 25%. «Le haut taux de réponse indique que les préposés avaient des choses à nous dire», ajoute-t-il. Ce sont 976 copies du questionnaire qui ont été distribuées, et la collecte des données s’est effectuée du 8 septembre au 21 novembre 2016.

L’étude est présentée sous la forme de sept tableaux statistiques. Ceux-ci concernent la persévérance, les tâches, l’environnement de travail, l’épuisement, l’interprétation des résultats de l’épuisement selon le Maslach Burnout Inventory, la responsabilité causale attribuée aux acteurs du système de santé ainsi que les conséquences de l’épuisement.

L’étude est disponible auprès des représentants syndicaux du SQEES-FTQ, ainsi qu’à l’adresse suivante: http://sqees.ca/site/assets/files/1744/rapport_mcq_-_pab.pdf.