Des produits de nettoyage à faire émerger d’eaux usées

RECHERCHE. Imaginons le décor. Derrière Parmalat sont aménagés une série de bassins pour recueillir ses eaux usées, celles de Canlac, peut-être même d’autres en provenance des égouts de la ville. Dans ces bassins, on cultiverait des microalgues, dont on extrairait des huiles que Sani Marc utiliserait pour verdir davantage ses produits de nettoyage.

Ce n’est pas un rêve, mais un projet de recherche piloté, à l’Université du Québec à Trois-Rivières, par le prof Simon Barnabé de la Chaire de recherche industrielle en environnement et biotechnologie.

Amorcé en janvier dernier, ce projet a fait l’objet d’une présentation au colloque international Vertech. On le présente d’ailleurs comme un projet Vertech, Simon Barnabé ayant d’ailleurs fort à voir avec le virage «vert» qu’a pris le réseau Sésame dont fait partie la Ville de Victoriaville et qu’on appelle de plus en plus le réseau Vertech.

La recherche a ceci de particulier qu’elle nécessite l’engagement de plusieurs entreprises (Gesterra est aussi partie prenante) et centres de recherche, dont le CCTT du cégep de Thetford Mines. Un budget de 200 000 $ a été alloué à l’équipe de chercheurs, 60% provenant de subventions gouvernementales, surtout fédérales.

Vice-président de Sani Marc, Patrick Couture a admis avoir fait une «drôle de face» quand le prof Barnabé lui a soumis cette idée de se servir des eaux usées pour en venir à fabriquer des produits de nettoyage. Reste que l’entreprise, maintenant d’envergure canadienne, a déjà commencé à implanter une culture verte dans ses différentes divisions. Elle serait d’ailleurs une pionnière avec ses produits écologiques pour les piscines et les spas.

Passé le court moment de perplexité, Sani Marc a finalement décidé de se lancer dans le projet de recherche.

Le prof Barnabé a expliqué que les microalgues suscitaient un intérêt mondial. Selon la variété que l’on ensemence, on peut s’en servir pour fabriquer des produits de beauté, des biocarburants de troisième génération.

Dans le cas précis des expérimentations menées à l’Université du Québec à Trois-Rivières, on vise tout un autre créneau. L’huile qu’on en extrairait pourrait remplacer certains ingrédients nocifs dans les produits de nettoyage.

La recherche progresse bien, selon M. Barnabé. On sait qu’on peut cultiver les microalgues, en extraire l’huile. Il y a tout un autre pan d’expérimentations à mener, celui d’introduire ce nouvel ingrédient dans les produits de nettoyage.

Et puis, il faudra s’assurer qu’on détient la solution afin de produire le volume dont on a besoin. Si tel était le cas, on pourrait aussi envisager d’alimenter en biocarburant des flottes de véhicules, comme celle de la Ville ou encore celle de Gaudreau Environnement.

Imaginons le décor avec ces bassins de culture de microalgues. Ce n’est pas pour demain, concède M. Barnabé. Dans le domaine de la recherche, l’aboutissement se compte en années, M. Couture le sait aussi.