Des étudiants cuisinent pour nourrir la communauté

Les étudiants et professeurs de l’Institut d’alimentation et d’hôtellerie du Centre de formation professionnelle Bel-Avenir de Trois-Rivières ont consacré leur journée à cuisiner près de 1000 repas qu’ils vont remettre à Moisson Mauricie-Centre-du-Québec grâce à l’initiative des Cuisines solidaires, édition relève, de la Tablée des chefs.

Les odeurs fusent de partout dans la cuisine de l’Institut. Aujourd’hui, 14 étudiants et étudiantes s’affairent à cuisiner du pain de viande en grande quantité: vingt kilos de viande sont requis pour la recette. La journée à l’école n’est pas si différente des autres à part une frénésie qui anime les apprentis-chefs de faire concrètement œuvre utile puisqu’ils vont remettre le fruit de leur travail à un organisme de bienfaisance.

« À l’Institut d’alimentation, c’est la cinquième année qu’on participe, on est bien fiers de ça, confie le chef enseignant Jacques Lefrançois. J’aime ça impliquer les élèves dans cette activité-là parce que nous on a la chance de vivre dans l’abondance. Quand vous travaillez dans un restaurant vous avez toujours de la bouffe, puis en plus on sait cuisiner. Donc on va juste mettre à profit nos compétences et on partage ça avec les gens qui en ont un peu plus besoin. Aujourd’hui on sait qu’il y en a beaucoup qui en ont besoin. »

En classe, on ne déroge pas beaucoup du plan de cours pour effectuer cette bonne action.

« Aujourd’hui on était dans la compétence des viandes donc on fait un pain de viande. On a regardé la méthode, on a créé les équipes, ils se sont imprégnés un peu de la recette et on a tout préparé nos ingrédients: il y avait une purée de pois chiches, des pommes de terre râpées, une sauce tomate. Une fois qu’on a mélangé tout ça, on va l’envoyer à cuire. On va le refroidir et on va le mettre en barquette avec sauce tomate et légumes. Alors c’est une continuité. Le but, c’est la chance de s’impliquer le plus possible dans la communauté, c’est intéressant. »

C’est aussi le sentimental général qu’on observe chez les étudiants et étudiantes.

« On trouve que c’est une opportunité pour nous de pouvoir faire ça aujourd’hui pour des familles, pour une bonne cause, mentionne Jordan Léveillé. Je pense qu’on connaît tous du monde qui en ont besoin. »

« J’aime ça savoir que ça va aider d’autres personnes à avoir un vrai repas, ajoute Steffie Ottawa-Dubé. Je viens de la communauté Atikamekw de Manawan et je connais des gens qui bénéficient de ces œuvres-là dans ma communauté et hors de la communauté autochtone. »

La Tablée des chefs a fourni tous les ingrédients nécessaires à la préparation des petits plats.

« L’édition relève met à profit les élèves en cuisine en formation professionnelle pour produire une bonne quantité de mets tout simplement pour redonner un peu. Jeudi, Moisson Mauricie vient chercher l’entièreté de ce qu’on aura produit », conclut le chef Lefrançois.

La distribution

À Moisson Mauricie-Centre-du-Québec, le directeur général, Gaël Chantrel, se réjouit d’une telle initiative.

« Ce partenariat-là est vraiment très intéressant parce qu’il amène de la diversité dans les denrées que nous redistribuons. La quantité, mais aussi la diversité est un enjeu dans une banque alimentaire. Ce type de denrées-là, où c’est une production dédiée aux banques alimentaires, fait toute une différence dans notre quotidien. »

Les Banques alimentaires du Québec chapeautent le programme de concert avec la Tablée des chefs à l’échelle de la province.

« Selon les quantités qui sont levées provincialement, c’est possible qu’on reçoive d’autres quantités d’ailleurs, parce qu’il y a un système de partage équitable. Ici on a un réseau de 70 organismes qui aident 35 000 personnes par mois. Certains organismes qui auront plus besoin de ce type de plat-là pour leur redistribution seront peut-être plus ciblés. Le produit sera mis dans la distribution ordinaire de notre organisme. »

M. Chantrel considère que le partenariat entre ces organismes est tout naturel et sensé.

« C’est une belle campagne. La relation avec la Tablée des chefs est en cohésion avec notre vision de l’aide alimentaire où on est là non pas juste pour offrir de l’aide alimentaire mais aider la personne à s’en sortir et à ne plus avoir besoin de nous, puisque la Tablée des chefs offre aussi des formations pour apprendre à cuisiner. Et pour certains étudiants, ça pourrait même être la première fois qu’ils aident au niveau communautaire avec cette initiative-là. Donc, ça leur apprend aussi à voir la réalité de l’aide alimentaire dans la région. »