Des centaines de manifestants du Front commun dans les rues du centre-ville de Trois-Rivières
Le Front commun, qui réunit les syndicats du secteur public négociant actuellement avec le gouvernement du Québec, souhaite ainsi dénoncer l’échec des négociations de leurs conventions collectives échues depuis la fin mars.
Le premier vice-président de la CSN et responsable de la négociation, François Enault, présent à Trois-Rivières pour l’occasion, s’explique mal le calcul du gouvernement pour les augmentations à offrir aux employés de l’État au cours des prochaines années.
« Le gouvernement reste encore sur ses mêmes offres qu’il a déposées le 15 décembre: 9 % sur cinq ans. En même temps, le ministre Girard nous dit que l’inflation dans les cinq prochaines années va être de 16,6 %. C’est de s’appauvrir de 7 %, et on a déjà un retard salarial de 12 %. Faites le calcul: on tombe à 19 % de retard, puis après ça on se demande pourquoi les gens quittent le réseau et pourquoi on n’est pas attractif. »
Les demandes syndicales ont été déposées le 28 octobre à la partie patronale, souligne M. Enault.
« La première année ce qu’on demande c’est 100 $ d’augmentation par semaine pour attirer les gens. On nous dit que c’est trop. En même temps le gouvernement s’est voté des augmentations de 582 $ par semaine », faisant référence au salaire des députés qui a récemment connu une hausse de 30 000 $ par année.
« Le gouvernement nous a répondu le 15 décembre. Depuis ce temps-là on parle d’environ 25 rencontres à la table centrale et on n’a pas une demande de réglée. Aujourd’hui, on fait le constat de l’échec des négociations »
Des demandes liées au régime de retraite figuraient parmi les autres revendications du front syndical qui doit plutôt se battre pour conserver ses acquis, comme l’explique François Enault.
« Le gouvernement est arrivé avec des demandes de recul sur le régime de retraite. Il nous dit: « On a bonifié la Régie des rentes et compte tenu de ça on va diminuer votre régime ». Ce qu’il donne d’une main, il l’enlève de l’autre. Il n’y a pas un employeur privé au Québec qui a osé s’attaquer à son régime de retraite. S’il y a un point avec lequel on peut attirer des gens dans le réseau c’est un régime de retraite puis on s’attaque au régime de retraite. »
La prochaine séance de négociation est prévue d’ici la fin du mois de septembre.
Le président du Conseil central Cœur-du-Québec, Pascal Bastarache, est d’avis que le gouvernement ne tient pas compte du contexte de la négociation.
« On parle de pénurie de personnel, de surcharge de travail. On a vécu une pandémie par-dessus ça, avec des arrêtés ministériels pour contraindre les salariés à travailler parfois contre leur gré, à annuler leurs vacances. Présentement on vit une vague inflationniste et on se bute à un employeur têtu qui nous propose sérieusement en bas de ses propres prévisions d’inflation pour les prochaines années. »
Si M. Enault rappelle que ce sont les membres qui auront à se prononcer sur la tenue éventuelle d’une grève, M. Bastarache prévient que divers moyens de pression pourraient être envisagés.
« Si ça continue comme ça, en Mauricie-Centre-du-Québec ça va brasser et on va se battre non seulement pour les conditions de travail mais également pour nos parents et grands-parents qui ont besoin de soins de santé, pour nos enfants dans les écoles, pour que le personnel ait des outils d’attraction et de rétention pour prendre soin de la population. »
Le Front commun, qui représente 420 000 travailleurs et travailleuses de la CSN, de la CSQ, de la FTQ et de l’APTS de partout au Québec, estime à 700 le nombre de syndiqués qui ont sillonné les artères trifluviennes mercredi midi.
Une manifestation nationale se tiendra au Parc Jeanne-Mance à Montréal le samedi 23 septembre. Toute la population y est conviée, précise M. Enault.
« On invite les gens à venir, parce que ce n’est pas seulement la bataille des travailleurs et travailleuses du secteur public, c’est la bataille des services. Si la pandémie a servi à quelque chose, c’est que la population s’est aperçue de la nécessité d’avoir un service public en santé. »