Démolition de la maison de l’Expo : la Ville devra trancher

TROIS-RIVIÈRES. La Ville de Trois-Rivières devra décider en mai si elle va de l’avant dans le dossier de la démolition de la maison de l’Expo. Un peu plus de 40 demandes d’opposition ont été remplies par des citoyens et seront déposées au conseil.  

Les citoyens avaient jusqu’au 21 avril pour s’opposer à la démolition du bâtiment. Rappelons que l’organisme Patrimoine Trois-Rivières avait invité les gens à se mobiliser pour empêcher la démolition de la maison en insistant sur la valeur historique et l’architecture de la bâtisse.

De son côté, la Ville de Trois-Rivières n’est plus propriétaire de la maison de l’Expo depuis 2006. Le bâtiment appartient au Club Jockey du Québec, qui a demandé récemment un permis de démolition à la Ville. C’est que le directeur général du Club, Jocelyn Faucher, veut faire de cet endroit un coin familial avec des modules de jeux, des balançoires, des tables de pique-nique et des cuisines de rue (communément appelées food trucks).  

«Il y aura deux food trucks différents toutes les deux semaines pour offrir une plus grande diversité aux spectateurs des courses, indique M. Faucher. Les gens pourront profiter de ce nouvel espace familial d’avril à novembre.» La démolition de la maison de l’Expo coûtera 10 000 $ au Club Jockey du Québec.

Une politique du patrimoine

Il est probablement déjà trop tard pour sauver la maison située à quelques pas de l’Hippodrome. Le rapport d’évaluation de l’architecte est on ne peut plus clair : le bâtiment a été littéralement abandonné. Le conseiller municipal Pierre-Luc Fortin croit toutefois que la Ville a beaucoup à apprendre de ce dossier.   

La possible démolition de ce bâtiment, mais également le débat qui a découlé de la construction d’une terrasse suspendue sur la rue des Forges, ont convaincu l’enseignant en histoire de proposer la création d’une politique de conservation du patrimoine. Plusieurs villes québécoises se sont déjà dotées d’une telle politique, dont Shawinigan.

M. Fortin est bien conscient qu’il est impossible de tout sauver, mais estime qu’un outil décisionnel d’intervention permettrait de mieux accompagner l’administration municipale dans ce genre de décision. « Si l’on ne fait rien, il sera bientôt trop tard pour un autre bâtiment », a-t-il lâché.

La conservation du patrimoine ne relève pas uniquement du municipal, concède-t-il, « mais l’on se doit d’être un leader ».  « Certaines choses ont été faites. Des programmes ont été mis en place et tout récemment, une partie du secteur Cap-de-la-Madeleine a été cité lieu historique, mais il nous faut voir plus large. Il nous faut un plan d’ensemble », a soutenu M. Fortin, qui rappelle que Trois-Rivières est la deuxième plus vieille ville au Québec.

Ce dernier se désole toutefois de l’accueil mitigé qu’a reçu sa proposition en séance de travail du conseil municipal, mardi dernier. Si certains conseillers ont appuyé l’idée, le maire Yves Lévesque a immédiatement « fermé la porte ».

Sans l’appui du magistrat, l’adoption d’une telle politique sera plus complexe. Mais M. Fortin ne compte pas baisser les bras. « Je pourrais décider de faire comme avec la politique de toponymie ; je vais m’assoir, rédiger moi-même celle concernant le patrimoine et la présenter. »

Pour l’heure, le conseiller a couché sur papier quelques grandes lignes du document. Plan d’intervention, étroite collaboration avec les organismes ainsi que des incitatifs pour le privé, comme des congés de taxes et des réductions de taxes, sont au programme. À noter que plus de 280 bâtiments cités patrimoniaux sur le territoire appartiennent à des particuliers.

Qu’en est-il de la cuisine de rue à Trois-Rivières ?  

Les restaurants ne sont pas autorisés à sillonner les rues trifluviennes. Et l’on n’en verra pas de si tôt sur la rue des Forges, en dehors des évènements estivaux. La position de la Ville est ferme : ce n’est pas dans ses plans de règlementer l’activité.

« Chaque année, nous refusons des demandes. Je ne te cacherais pas que les restaurateurs du centre-ville ne sont pas très chaud à l’idée de voir des cantines mobiles déambuler devant leur commerce », a déclaré le porte-parole de la Ville de Trois-Rivières, Yvan Toutant. 

Ailleurs, de nombreuses villes québécoises ont adopté cette tendance au cours des dernières années. Les camions de cuisine de rue, qu’on appelle dans le langage populaire « food trucks », sont admis dans un secteur délimité et doivent respecter des critères stricts.   

Avec la collaboration de Marianne Côté