Décès au dépôt à neige : la circulation piétonnière en cause

ENQUÊTE. Le décès d’un camionneur de 52 ans sur le site de dépôt à neige de la rue Bellefeuille, à Trois-Rivières, serait attribuable à une mauvaise gestion de la circulation piétonnière sur les lieux, a conclu la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) dans son rapport dévoilé mercredi.

L’accident est survenu vers 2 h 25 du matin, le 26 janvier 2017. Un peu plus d’une trentaine de centimètres de neige étaient tombés sur la Ville de Trois-Rivières et l’opération de déneigement battait son plein.

Allen Pelusso, qui travaillait pour l’entreprise André Bouvet ltée de Bécancour, s’était rendu au dépôt à neige afin de déverser son chargement. Une fois terminé, il avait ensuite avancé son camion de cinq mètres –comme l’indique le règlement de la Ville à l’entrée du site– avant de se rendre à pied à l’arrière de celui-ci. Comme à l’habitude, il voulait vérifier que sa benne était bien vide.

Au même moment, une avalanche de neige s’est produite. Selon les enquêteurs de la CNESST, l’homme s’est retrouvé écrasé entre sa semi-remorque et une souffleuse. Il n’a eu aucune chance. Le travailleur est mort sur le coup.

Des règles sécuritaires ?

Les enquêteurs notent par ailleurs que les consignes de sécurité imposées par la Ville, propriétaire du site, ont été respectées et que l’empilement de neige ne dépassait pas la limite permise de 20 mètres de hauteur.

Malgré tout, la CNESST soulève que ces règles n’étaient pas suffisamment sécuritaires. Le rapport conclut donc que « la gestion de l’interaction entre la circulation piétonnière et les opérations d’empilement de la neige sur le site n’a pas assuré la sécurité des travailleurs, notamment en présence d’avalanche ».

Le phénomène des avalanches est en effet bien connu dans ce milieu, a indiqué l’inspecteur Denis Marchand. Plusieurs événements ont été répertoriés lors de grandes périodes d’accumulation de neige, comme ce fut le cas en janvier dernier.

« De toute évidence, la distance obligatoire de cinq mètres a été mal évaluée était insuffisante pour la sécurité du travailleur », a affirmé l’inspecteur Denis Marchand. « Il n’y a toutefois aucune étude scientifique pour appuyer nos méthodes d’empilement de neige. C’est certain qu’il y a des choses qui vont changer dans le futur », a-t-il ajouté.

Ce dernier a précisé que la province entrepose la neige dans des sites de dépôts depuis seulement une quinzaine d’années. « Les entreprises ont appris sur le tas, comme on dit », souligne l’inspecteur. 

Des changements déjà en vigueur

La CNESST ne comptent toutefois pas attendre les bras croisés qu’un autre accident semblable se produise. « Il faut travailler sur ce qu’on peut contrôler et ce qu’on peut contrôler, c’est la circulation piétonnière », a déclaré M. Marchand.

Dès le lendemain de l’accident, la CNESST a donc interdit toute circulation piétonnière sur le site de la rue Bellefeuille. De plus, elle a exigé à la Ville de Trois-Rivières et de Cap Excavation –l’entreprise qui gère l’empilement de la neige sur les lieux– l’aménagement d’une zone sécurisée permettant aux camionneurs de descendre de leur véhicule en toute sécurité. Les employeurs se sont conformés à cette exigence.

Lors des opérations de déneigement, quelques 80 camions circulent chaque heure sur le site de dépôt de la rue Bellefeuille.

Afin d’éviter qu’un tel accident se reproduise, la CNESST demandera à l’Association nationale des camionneurs artisans inc., à l’Association du camionnage du Québec ainsi qu’à l’Union des municipalités du Québec d’informer leurs membres des conclusions de l’enquête et de leur rappeler la nécessité de respecter les consignes concernant la circulation piétonnière dans les dépôts à neige.

Par ailleurs, au cours des cinq dernières années, 40 travailleurs sont décédés après avoir été coincés par de l’équipement ou des objets au Québec.