Débordements: « Il y a une urgence d’agir »

Au lendemain d’importantes précipitations qui ont causé des dégâts chez plusieurs résidents souvent affectés par le débordement des cours d’eau Bettez, Milette et Lacerte, le conseil de ville s’est entendu pour mettre en place un plan d’intervention public en matière de gestion des eaux pluviales qui permettra d’établir les travaux et les autres mesures jugées nécessaires pour réduire l’impact de la crue des eaux de ces cours d’eau.

Proposée par le conseiller Dany Carpentier, la résolution adoptée à l’unanimité par le conseil de ville viendra bonifier le plan d’action déjà existant. Elle propose également d’accompagner les citoyens dans leur démarche pour examiner la conformité de leurs installations et les sécuriser au besoin, de rendre disponible de l’aide aux résidents sinistrés, dans la mesure du possible, ainsi que d’informer les citoyens sur les travaux en cours et des efforts déployés pour leur permettre de répondre aux questions de leurs assureurs.

« Ce sont des gens qui vivent des choses difficiles depuis plusieurs années. Ce n’est pas que de l’eau dans le sous-sol. Ce sont des gens qui ont dormi à côté de leur pompe, qui ne sont pas allés travailler pour s’assurer que leur sous-sol ne soit pas inondé, des gens qui ont eu mal au ventre pendant deux jours à penser à ce qui pourrait arriver, souligne le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche. Les gens ne veulent plus se faire dire d’attendre alors que certains ont dû refaire leur sous-sol deux ou trois fois en quelques années. Lundi, les précipitations étaient de l’ordre du 0-25 ans, donc pas des conditions extrêmes. Mais ça a débordé quand même. »

« On a toujours vu le problème comme étant un élément technique. Là, je pense qu’il y a une connotation humanitaire. Il faut dépasser le cadre financier et le cadre technique, puis voir comment on peut aider ces gens. On a un plan d’action qu’on va rajeunir et retravailler », poursuit-il.

Le maire souhaite que cela permette d’accélérer la mise en place d’actions rapides pour améliorer la situation. « C’est sûr qu’il y a des choses sur lesquelles on a peu d’emprise, comme la reconstruction du barrage au coin de Sainte-Marguerite te des Récollets. Ça ne se fera pas cet été. Par contre, il y a certaines actions qui peuvent être réalisées rapidement », note le maire de Trois-Rivières.

Par exemple, la gestion des stationnements commerciaux asphaltés au moment des coups d’eau pourrait être évaluée. « Est-ce que ces gens peuvent faire de la rétention d’eau pour éviter de surcharger nos égouts pluviaux à des moments précis? C’est quelque chose qui peut être abordé. Dans ces grands stationnements, il y a un restricteur pour empêcher que l’eau se déverse tout de suite à l’égout lorsqu’il y a plus d’eau. Ça fait en sorte que l’eau reste sur le terrain. Cependant, il y a des gens qui enlèvent ces restricteurs. En ce sens, on pourrait mettre en place un programme d’inspection des grands espaces de stationnement pour s’assurer que les restricteurs sont encore là. C’est une action simple qui peut se mettre en place rapidement et qui est facile à valider », cite en exemple Robert Dussault, directeur général adjoint – Planification à la Ville de Trois-Rivières.

Le plan bonifié pourrait mettre de l’avant des actions allant d’une aide au ménage des sous-sols jusqu’à une possible expropriation. Rien n’est écarté pour le moment. La Ville travaillera sur les détails du plan dans les prochaines semaines.

Par ailleurs, un projet de développement d’une nouvelle infrastructure permettant de créer un profilage du fossé de l’autoroute 55, à la manière d’une quatrième rivière, est inscrit au plan triennal d’immobilisations (PTI) 2024-2025-2026. La Ville considère que cela permettrait de diminuer grandement les risques de débordement des cours d’eau Bettez, Lacerte et Milette. Un montant de 2,4 M$ figure au PTI pour ces investissements depuis 2018.

La Ville de Trois-Rivières entend aussi interpeller les instances gouvernementales pour qu’elles contribuent à la mise en place de solutions.

« J’ai rencontré le ministre Jean Boulet plus tôt aujourd’hui. Je lui ai dit qu’on ne peut plus considérer ces situations comme des accidents. Il est avec nous dans la démarche. Il y a un leadership à prendre et il faut le prendre en conseil. Ça vient dire qu’au prochain plan triennal d’immobilisations, ce sera un important point de discussion », affirme M. Lamarche.

En octobre, des résidents touchés par les débordements des rivières Milette, Bettez et Lacerte avaient demandé un moratoire sur les nouveaux développements dans les districts de Chavigny et de La-Vérendrye qui impliqueraient un apport supplémentaire d’eaux pluviales aux bassins versants des trois cours d’eau. Questionné sur la possibilité d’un moratoire dans ces secteurs, le maire écarte l’idée. « Ce qui a démontré, c’est que les moratoires, ce n’est pas là que ça se passe. On est vraiment dans la gestion des rivières », commente-t-il.

Le conseiller du district de La-Vérendrye, Dany Carpentier, précise: « La réglementation sur les nouvelles constructions obligent à faire en sorte qu’il n’y ait pas plus d’eau rejetée dans ces trois cours d’eau. La réglementation fait office de moratoire. »