De photographe à pompier

Un mois après son embauche à titre de pompier à temps partiel pour la Municipalité de Saint-Étienne-des-Grès, Jean-Simon Hubert a encore du mal à le réaliser.

Originaire de Trois-Rivières, ce jeune homme de 29 ans est né avec une déficience auditive. Ce handicap ne l’a toutefois jamais empêché d’avancer et de faire son propre chemin. « Dans l’ensemble, les gens ont toujours bien compris ma situation. Je n’ai pas trop de difficulté à me faire comprendre non plus. J’ai vécu un peu d’intimidation au secondaire, mais je pense que tout le monde est passé par là. J’ai été bien entouré. Ça ne m’empêche pas de faire du sport et les autres choses que j’aime », confie l’amateur de course à pied.

Depuis son jeune âge, Jean-Simon Hubert est fasciné par le monde de l’incendie. « Mon plus grand rêve, c’était d’être pompier, mais je savais que je ne pourrais jamais l’être dans une grande ville. Par contre, je n’ai jamais abandonné l’idée de l’être ailleurs un jour où on m’accepterait comme je suis », souligne-t-il.

Hubert s’est alors tourné vers une autre passion, soit celle de la photographie. Aussitôt sorti d’une formation professionnelle dans ce domaine, il a fait son nom en photographiant des scènes d’incendie et d’accident, de même que de nombreux intervenants et véhicules d’urgence lors des dix dernières années. En réalité, il a capturé des milliers de clichés de toutes sortes qui lui ont parfois permis de remporter certains concours. « J’ai commencé à faire de la photo à Trois-Rivières. J’allais voir les feux en vélo. Ça me mettait en forme. Quand j’ai eu mon auto, j’ai pu couvrir plus grand. Encore aujourd’hui, je me lève la nuit pour aller voir les feux et pour prendre des photos. Je vais aux quatre coins de la Mauricie et au Centre-du-Québec, surtout sur les incendies majeurs », indique-t-il, en précisant être à l’occasion sollicité par des médias intéressés par ses images.

Au fil des ans, ce passe-temps lui a permis de développer des liens d’amitié avec les pompiers et de voyager à travers la province pour visiter différentes casernes.

Embauche

Jean-Simon Hubert a déménagé à Saint-Étienne-des-Grès, l’automne dernier. Voyant qu’il manquait de pompiers dans la plupart des régions du Québec, il s’est rapidement informé des besoins de main-d’œuvre dans sa municipalité. « Comme ailleurs, Saint-Étienne cherchait des pompiers. J’ai parlé au directeur et il m’a répondu pourquoi pas. J’ai déposé ma candidature en ne sachant pas trop ce qui était pour arriver et elle a finalement été retenue. Au début, je n’y croyais pas. J’étais très content. Je vois ça comme un beau défi », mentionne celui qui travaille aussi chez Duchesne et fils à Yamachiche.

La date du 7 juin 2021 restera à jamais gravée dans sa mémoire. Cette journée-là, le conseil municipal de Saint-Étienne-des-Grès a ratifié son embauche comme pompier à temps partiel.

Accueil et intégration

L’arrivée de Jean-Simon Hubert comme membre à part entière du Service de sécurité incendie de Saint-Étienne-des-Grès est accueillie très positivement par le directeur. « Je n’ai pas eu peur de l’embaucher. Je suis heureux de pouvoir permettre à Jean-Simon de réaliser son rêve. Il fait maintenant partie de la famille. Je ne suis pas inquiet qu’il sera aussi bon que d’autres pompiers », répond Daniel Isabelle.

Malgré sa limitation auditive, le pompier Hubert est tout de même fonctionnel puisqu’il possède des appareils adaptés à sa condition. « Peut-être que ça va lui prendre un casque d’écoute pour bien entendre les communications, mais présentement il est toujours à mes côtés. On ne le place pas dans des situations dangereuses », assure le directeur.

« Nous lui avons expliqué les procédures et le fonctionnement autant à la caserne que lors des interventions. Le métier de pompier n’est pas juste d’éteindre des feux et d’aller faire une attaque initiale. Présentement, Jean-Simon effectue plusieurs tâches, notamment en support aux pompiers. Son rôle est tout aussi important. Il fait la circulation, il sort des outils, il prépare les équipements de décontamination, etc. Ce qu’il fait, tous les nouveaux pompiers l’ont déjà fait », rapporte M. Isabelle.

Le directeur estime qu’Hubert a déjà un avantage sur plusieurs recrues. « Il connait déjà le monde de l’incendie. Il sait comment ça fonctionne en général. Ce n’est pas de l’inconnu pour lui », affirme-t-il.

De son côté, Jean-Simon Hubert juge que son intégration se passe bien. Ce dernier a déjà eu la chance de répondre à quelques appels, lui qui demeure à proximité de la caserne. « Jusqu’à présent, ça va bien. Tout le monde s’entraide. On a une bonne équipe. Tout le monde était content pour moi. Je suis habitué de voir les interventions de l’extérieur. Maintenant, je serai dans l’action. Je sais que je peux contribuer. C’est un beau feeling de sentir le téléavertisseur vibrer et de l’entendre sonner », partage-t-il.

Formation

Le Service de sécurité incendie de Saint-Étienne-des-Grès confirme que le nouveau venu sera apte à suivre la formation de pompier de l’École nationale des pompiers du Québec. Selon le directeur, elle devrait débuter cet automne en présentiel.

Jean-Simon Hubert espère que cette nouvelle expérience soit le début d’une longue carrière dans ce domaine. »C’est le temps qui va nous le dire. Pour l’instant, je vis le moment présent. J’y vais un jour à la fois », termine-t-il.