De l’énergie pour alimenter 8000 maisons 

ENVIRONNEMENT.  Cinq mois après sa mise en opération, Énercycle et Waga Energy inauguraient le 5 octobre l’unité de production de gaz naturel renouvelable (GNR) installée sur le site du Lieu d’enfouissement technique (LET) de Saint-Étienne-des-Grès, en présence notamment du président fondateur de Waga Energy, Mathieu Lefebvre, venu directement de France.

Baptisée Wagabox, cette unité de production a la capacité d’injecter jusqu’à 468 888 Gj (gigajoule) de GNR par an dans le réseau d’Énergir, soit la consommation d’environ 8000 foyers québécois. Il s’agit du 6e client pour Énergir à émettre du biométhane dans ses canalisations mais du premier LET de la province.

Et comme le gouvernement du Québec a fixé un seuil de 10% de GNR dans le réseau gazier d’ici 2030 – Énergir prévoit atteindre un niveau de 2% cette année – les projets comme celui de Saint-Étienne-des-Grès seront probablement nombreux à se développer au cours des prochaines années.

C’est en tout cas le pari pris par Mathieu Lefebvre qui mise sur cette première Wagabox de ce côté de l’Atlantique pour développer tout le marché de l’Amérique du Nord. Sa technologie conçue au milieu des années 2010 à Grenoble équipe déjà 17 sites d’enfouissement en France et en Espagne.

« D’un seul salarié (Nicolas Noël) qui est venu s’établir ici en 2020, nous comptons maintenant sur une équipe de 30 personnes dirigée par Julie Flynn à partir de Shawinigan », a souligné avec enthousiasme l’entrepreneur qui parlait déjà d’un mariage fructueux entre Waga Energy et Énercycle en vertu d’un contrat de vingt ans unissant les deux entités.

Déjà, la filiale nord-américaine a signé des ententes avec un client de Vancouver et un autre de l’État de New York pour l’installation de la technologie Wagabox. Ces projets seront développés par l’équipe de Shawinigan et une grande partie des équipements seront fabriqués à Trois-Rivières par l’entreprise Mécanitec qui a su faire ses preuves avec le projet de Saint-Étienne-des-Grès. Deux autres projets sont également sur le point d’être officialisés au Québec avec des gestionnaires de sites d’enfouissement a confié Mathieu Lefebvre.

L’exemple du Danemark

Présent lors de l’inauguration, le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a rappelé que la cible de 10% de GNR d’ici 2030 représentait un minimum pour l’instant. Revenu récemment d’un séjour d’exploration dans les pays scandinaves à l’avant-garde sur la question énergétique, il a souligné que le Danemark prévoyait pour sa part arriver à consommer exclusivement du GNR d’ici trois ans. « Ici au Québec, c’est ce qu’il faut viser pour 2050 », a déclaré le ministre Fitzgibbon.

Le projet représente un investissement global d’environ 19,3M$ incluant l’usine de production, le poste injection, un compresseur réseau et le raccordement. Le gouvernement du Québec a accordé une aide financière de 7,7 millions$ à Waga Energy pour le projet de Saint-Étienne-des-Grès, soit 2,2 M$ provenant d’Investissement Québec, 3,2 M$ du ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques; et 2,2 M$ du ministère de l’Économique, de l’Innovation et de l’Énergie.

De son côté, le président d’Énercycle, Michel Angers, a rappelé que tout en étant bénéfique pour l’environnement – la transformation des biogaz provenant des cellules d’enfouissement en GNR évitera l’émission de 21 500 tonnes de CO2 par année – la vente du biométhane à Énergir rapportera entre 700 000$ à 1 million$ par année dans les coffres de l’ancienne Régie intermunicipale de gestion des déchets de la Mauricie.

Tout un contraste avec le fiasco qui avait entouré l’entente avec le producteur de tomates en serres, Savoura, entre 2007 et 2018,  où la Régie a perdu des millions de dollars en raison de l’utilisation d’une technologie inadéquate pour transformer ses biogaz.

Le maire de Shawinigan a enfin souligné que la capacité de production de la Wagabox est actuellement supérieure aux besoins du LET de Saint-Étienne-des-Grès puisqu’il est déjà prévu qu’elle transformera également les biogaz de la future usine de biométhanisation sèche qui recevra les résidus des bacs bruns à partir de l’automne 2025.