«De chaque épreuve naît un trésor»

ENTREPRENEURIAT.  Dix ans après avoir fondé MïO Bijoux à Shawinigan, Marilène Lemieux a décidé de s’ouvrir sur son enlèvement au Honduras, une expérience qui, avec du recul, a mené à la concrétisation de son rêve il y a dix ans. Elle se dit aujourd’hui libérée et prête à entamer un nouveau chapitre tant sur le plan personnel que professionnel.

«Je me sens soulagée. Je ne regrette pas d’avoir partagé mon expérience», confie-t-elle. «Les gens me demandaient souvent comment avait commencé MïO Bijoux, d’où provenaient mes inspirations, mais on dirait que je ne voulais pas aller là», raconte la designer. «Maintenant, je n’ai plus rien à cacher, je me sens plus légère. Tout ça prend son sens aujourd’hui.»

Marilène Lemieux accepte d’ailleurs d’être davantage mise de l’avant dans la nouvelle image de son entreprise.

Otage au Honduras

Le souvenir de l’expérience traumatisante est ressurgi en force en juin alors qu’elle revenait d’un séminaire sur l’entrepreneuriat à Paris en compagnie d’autres femmes d’affaires de la région.

Dans un long message publié sur le site de son entreprise et sur les réseaux sociaux, Marilène Lemieux a raconté l’enlèvement et la séquestration dont elle a été victime alors qu’elle vivait au Honduras, un traumatisme que la grande voyageuse s’est efforcée d’enterrer pendant plus de 10 ans.

Même si cet événement fut bouleversant, je comprends aujourd’hui qu’il m’aura aidée à m’accomplir.

«Ils nous ont tenu en otage dans les bois durant une longue période, pendant laquelle j’étais convaincue que chaque seconde était la dernière. Je ne pouvais pas voir ce qui se passait mais j’entendais des coups de feu autour de moi», raconte celle qui s’en est miraculeusement sortie alors que les assaillants ont tout simplement abandonné subitement leurs otages.

«Même si cet événement fut bouleversant, je comprends aujourd’hui qu’il m’aura aidée à m’accomplir. De chaque épreuve naît un trésor», termine celle qui a le sentiment de vivre sa «deuxième vie». C’est à son retour qu’elle s’est donné le droit de faire ce dont elle avait toujours eu envie.

Une vague d’amour inattendue

Après la publication de ce message au début du mois de juillet, l’entrepreneure a reçu des centaines de commentaires de soutien. «Je ne m’attendais vraiment pas à ça», confie-t-elle. Elle était d’ailleurs très fébrile à l’idée de dévoiler ce pan de son histoire.

«J’ai reçu beaucoup d’encouragements, de témoignages. Je n’ai même pas fini de répondre à tout le monde», ajoute l’entrepreneure, touchée. «Ça m’a confirmé que c’est ce que je devais faire.»

Faire rayonner Shawinigan… à travers le monde

Si la designer a commencé dans son sous-sol, ses bijoux sont désormais dans une centaine de points de vente un peu partout dans la province. Pour le moment, MïO Bijoux emploie quatre personnes. Les bijoux se sont illustrés sur plusieurs scènes de la mode en plus d’être portés par des personnalités connues telles que Geneviève Borne, Véronique Cloutier ou Saskia Thuot.

La vente en ligne permet d’élargir les horizons de la boutique-atelier de l’avenue Saint-Marc à Shawinigan. «Je voudrais en vendre partout dans le monde», entrevoit Marilène Lemieux, fière ambassadrice de sa ville natale.