Crise du recyclage: la région s’en tire bien

RECYCLAGE.  La Mauricie a su s’adapter rapidement face à la récente décision de la Chine de fermer les frontières et de réduire l’importation de matières récupérées et recyclables. Malgré tout, les intervenants locaux restent attentifs et admettent qu’ils ne sont pas à l’abri de la crise dans l’industrie du recyclage.

La Chine, principal importateur de matières recyclées, a décidé de restreindre l’importation de certaines matières recyclées et a choisi de resserrer de façon importante ses normes d’importation pour les matières récupérées.

Cette situation plonge le Québec dans une véritable crise du recyclage et amène les centres de tri à faire les choses différemment. C’est notamment le cas chez Récupération Mauricie, à Saint-Étienne-des-Grès, un partenaire majeur de la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie (RGMRM), où l’on a décidé de répondre aux nouvelles exigences en réalisant un projet de modernisation des installations.

Ce projet, réalisé au coût de 3,2 M$, vise l’ajout d’équipements spécialisés afin d’améliorer la productivité et une meilleure qualité de matière recyclée destinée à la vente, notamment auprès du marché chinois.

«Les critères de qualité ont été resserrés. Dans notre cas, ce projet de modernisation des équipements nous a permis de continuer d’exporter en Chine. Nos courtiers nous ont mentionné que la qualité qu’on avait avant le projet ne serait pas acceptable aujourd’hui. Maintenant, on peut continuer de vendre en Chine avec leurs nouvelles normes», explique Daniel Cassivi, directeur général de Récupération Mauricie.

«On continue toujours d’améliorer la qualité parce qu’on sait que la Chine va resserrer encore plus les critères. Pour l’instant, il n’y a pas de problème et on réussit à vendre notre papier à un prix raisonnable, mais il faut continuer de faire des efforts pour maintenir la plus grande qualité possible», ajoute-t-il.

Ce projet de modernisation a permis l’embauche de près d’une douzaine de trieurs ainsi que des inspecteurs de qualité. Ce sont près de 40 000 tonnes de matières recyclées qui sont traitées chaque année chez Récupération Mauricie. L’organisation exporte près de 60% de son volume, ce qui représente près de la moitié de son chiffre d’affaires.

Soleno Recyclage

À Yamachiche, chez Soleno Recyclage, les impacts sont nuls puisque l’entreprise n’a pas à exporter le plastique qu’elle achète du centre de tri.

«La matière qu’on traite à notre usine de Yamachiche, c’est une matière qui, normalement, n’est pas envoyée à l’exportation. Actuellement, il n’y a aucun ou très peu d’effets sur notre approvisionnement en matière première puisqu’elle a déjà une excellente valeur locale», confie Guillaume Villemure, directeur développement et approvisionnement chez Soleno Recyclage de Yamachiche, qui emploie près d’une centaine de travailleurs.

L’an dernier, Soleno Recyclage estime avoir traité près de 100 millions de contenants de plastique. Ce plastique est transformé en granules, nettoyé et fondu. Il est ensuite expédié dans les usines de Soleno pour la fabrication de tuyaux pour la maîtrise de l’eau pluviale.

«On maximise l’utilisation de matières recyclées où les normes le permettent. Nos produits finis sont des produits de proximité. Ce ne sont pas des produits intéressants pour l’exportation. Ils sont principalement pour l’usage domestique. On est très présent au Québec et on développe les ventes pour les autres provinces canadiennes», ajoute M. Villemure.

Québec va aider

Au cours des derniers jours, le gouvernement Couillard n’a pas caché la possibilité de venir en aide aux centres de tri du Québec touchés par la décision de la Chine de restreindre l’importation de certaines matières recyclables.

Selon Radio-Canada, Québec pourrait injecter plusieurs millions de dollars pour soutenir la modernisation des usines et l’amélioration de la qualité du tri de la cueillette sélective.

L’objectif est de satisfaire aux exigences de la Chine et d’exporter des matières recyclées de meilleure qualité.