Crise des réfugiés: Entre sécurité et droits humains

RÉFUGIÉS. La crise humanitaire qui frappe les réfugiés syriens et l’urgence d’agir a mis au grand jour les frayeurs des uns et des autres. Avons-nous les moyens d’en recevoir 25 000? Allons-nous ouvrir nos portes à des «terroristes»? Pourquoi la guerre existe? La directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone, Béatrice Vaugrante, a répondu aux inquiétudes des 350 élèves du 5e secondaire de l’École des Pionniers, mercredi matin.

Avec l’attentat du 12 novembre à Beyrouth –le plus meurtrier depuis 1990- le temps presse, a martelé la militante pour les droits de l’homme. Actuellement, plus de la moitié des réfugiés ne sont que des enfants.

«Il faut absolument accélérer le processus! Si l’hiver vient chez nous, l’hiver s’installe également des les pays du Moyen-Orient, où sont les réfugiés. Et oui, le Canada a largement les moyens et les infrastructures pour accueillir 25 000 de ces personnes d’ici le 1er janvier», a confirmé Mme Vaugrante.

Cette dernière lance un message clair : il s’agit de notre devoir de protéger ses familles qui ne cherche qu’un endroit sécuritaire où vivre. «Vous savez, tous matelas dans un gymnase chaud seront un paradis pour ces gens là. On ferait la même chose s’il s’agissait de notre famille», estime-t-elle.

«En danger et non dangereux»

La militante en a aussi profité pour défaire les préjugés dont sont victimes les réfugiés au Canada. Ce sont tous des criminels, ils ne s’intègrent pas à notre culture, ils demandent trop d’accommodements religieux, ils ont choisi d’être réfugiés, etc.

«Ces préjugés, ils n’ont pas lieu d’être, a-t-elle défendu. C’est peut-être légitime, mais si nous suivons cette logique, il faudrait donc renvoyer tous les Québécois dont les parents viennent de l’extérieur pour la simple raison que la majorité des terroristes à l’origine des attentats de vendredi dernier sont né en France. C’est près de la moitié des jeunes dans cette salle. Cela n’a aucune logique!»

En effet, sur 1 575 élèves, l’École des Pionniers compte plus de 210 jeunes provenant de 41 pays à travers le monde, dont notamment la Syrie. Plusieurs d’entre eux ont été contraints de quitter leur pays natal afin de fuir la guerre.

C’est le cas d’Anna, cette jeune fille originaire de la République démocratique du Congo. «Je ne sais pas pourquoi il y a la guerre chez moi, je n’ai jamais compris la raison. J’ai décidé moi-même de quitter pour aller chercher la sécurité et la paix ailleurs, sans ma famille», a-t-elle raconté avec une belle maitrise de la langue française.

Igor Bizimungu est quant à lui un réfugié de la Tanzanie. Sa mère a donné naissance à sa sœur durant la guerre, mais sa famille a ensuite dû fuir son pays, le Burundi. Igor est donc né dans un camp pour réfugiés, où il a passé les quatre premières années de sa vie.

Devant ses témoignages déchirants, mais empreints d’espoir, Béatrice Vaugrante a déclaré que «ces jeunes sont la raison pour laquelle je me lève tous les matins». «La beauté du Québec, c’est une province ouverte sur le monde», a-t-elle terminé.

Elle demande au gouvernement du Canada des engagements clairs dans la question des réfugiés pour les années subséquentes.