Cri du cœur des services de garde privés en milieu familial

FAMILLE. Les responsables des services de garde privés en milieu familial de la région joignent leur voix à celles du reste de la province. Elles se disent prises «en otage» par la Loi 143, qui les empêche désormais, avec leur nouveau titre de «personne physique non-reconnue», d’avoir recours à une remplaçante si elles doivent s’absenter pour un rendez-vous médical, par exemple.

«Aucun rendez-vous possible pour l’éducatrice sans fermer. Le parent compte sur nous pour être ouverte du lundi au vendredi. Connaissez-vous des médecins qui font de la clinique de soirs?», questionne Émilie Garceau, diplômée d’une technique en éducation à l’enfance et propriétaire d’un service de garde privé en milieu familial à Louiseville depuis six ans.

«C’est le parent qui doit se trouver un plan B alors qu’il faisait entièrement confiance à la remplaçante, ajoute-t-elle. Plusieurs remplaçantes perdront leurs emplois et les responsables de services de garde en milieux reconnus se retrouveront avec une pénurie de remplaçantes.»

«Vous nous obligerez à mettre au pied du mur six familles», déplore également Audrey Sarrazin, propriétaire d’un service de garde privé en milieu familial à Trois-Rivières et éducatrice spécialisée de formation.

«Si j’ai la gastro demain matin, je dois fermer. Je trouve ça complètement ridicule», ajoute Nathalie Bordeleau, qui opère son service de garde privé en milieu familial depuis une vingtaine d’années dans le secteur Sainte-Flore à Shawinigan.

Dans un communiqué, un regroupement provincial des services de garde privés déplore qu’en retirant leur droit de se faire remplacer, le gouvernement contredit leur statut de travailleur autonome.

Terme dégradant et ratio rigide

«Alors que plusieurs femmes se battent depuis des années pour supprimer le terme «gardienne» du vocabulaire québécois, voilà alors que nous sommes dénigrées par notre gouvernement avec le terme « personne physique non-reconnue qui fournissent des services de garde en milieu familial »», poursuit Émilie Garceau.

«Plusieurs d’entre nous sommes diplômées et tout à fait à égalité avec les autres responsables de service de garde. Pourquoi nous enlever le terme alors que nous faisons le même métier? Tout ça parce que nous choisissons d’ouvrir notre maison aux familles qui en ont besoin, sans nécessairement s’affilier avec un centre de la petite enfance», poursuit celle qui a décidé de ne pas s’affilier au bureau coordonnateur de sa région pour des raisons de «valeurs».

«C’est assez dégradant, ça a suscité beaucoup de réactions chez les filles», appuie Sandra Dupuis.

Par ailleurs, les services de garde privés en milieu familial sont désormais soumis au ratio de six enfants maximum incluant leurs propres enfants de moins de neuf ans. Ils se battent donc désormais aux côtés des milieux publics, qui déplorent également cette mesure qui peut être difficile à gérer financièrement.

«Les enfants d’âge scolaire ne devraient pas compter dans le ratio, parce qu’ils quittent une partie de la journée», souligne Émilie Garceau.

À travers les réseaux sociaux, les services de garde privés en milieu familial de la province se mobilisent. Un sondage sur la qualité des services de garde privés en milieu familial est également en circulation (https://fr.surveymonkey.com/r/7K8YYCV).

 

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La Loi 143

La Loi visant à améliorer la qualité éducative et à favoriser le développement harmonieux des services de garde éducatifs à l’enfance a été adoptée le 8 décembre 2017. Elle est entrée en vigueur le 1er mai 2018 pour les nouveaux services de garde. La personne non-reconnue qui fournissait déjà des services de garde à un maximum de six enfants a quant à elle jusqu’au 1er septembre 2019 pour se conformer à l’ensemble des nouvelles conditions. (Source: Ministère de la Famille du Québec)