COVID-19 : l’UQTR se penche sur la transmission asymptomatique

Une clinique de dépistage de la COVID-19, spécialement dédiée à la recherche chez les individus asymptomatiques et confinés, est en opération sur le campus de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) jusqu’à la fin de la semaine, dans le cadre du projet de recherche DECOPA.

Les données récentes montrent que le virus SARS-CoV-2 est plus présent dans la population que ce que l’on croyait, puisque plusieurs personnes atteintes sont asymptomatiques.

Sachant également que la transmission par des individus asymptomatiques est possible, les chercheurs tentent de savoir à quel point le virus est présent chez les populations où les mesures de distanciation sociale et de confinement ont été mises en place.

« La COVID-19 est très contagieuse. Il semble que la transmission par des personnes asymptomatiques a joué un rôle important dans la propagation de la maladie dans les CHSLD du Québec, où le taux d’infection est très fort. Toutefois, l’hypothèse n’a pas été étudiée dans une population confinée présentant les caractéristiques qui sont spécifiques au Québec. Il est donc crucial de trouver rapidement la réponse aux questions concernant la prévalence de la COVID-19 chez les personnes qui ne présentent pas de symptômes », explique Lyne Cloutier, chercheure principale du projet DECOPA et professeure titulaire au Département des sciences infirmières de l’UQTR.

Le projet DECOPA, premier centre de dépistage communautaire au Québec,  est réservé exclusivement aux membres du personnel de l’UQTR. Puisque l’UQTR compte près de 2 000 employés et que les consignes de confinement leur ont été données rapidement, les chercheurs ont choisi d’adresser les invitations uniquement à cette population.

Les employés ont montré un intérêt certain envers le projet puisque toutes les places disponibles pour un rendez-vous en cette première journée de clinique avaient été comblées. D’ici la fin de la semaine, les chercheurs espèrent qu’entre 300 et 400 personnes se seront déplacées pour prendre part au projet DECOPA.

«Les gens se présentent avec sérieux, mais aussi dans le plaisir de participer à ce projet de recherche qui, on le souhaite, fournira une pièce du grand puzzle que représentent les personnes asymptomatiques. C’est un projet passionnant», fait remarquer Mme Cloutier.

Le fait de limiter la participation aux membres du personnel de l’UQTR favorise un meilleur contrôle des mesures sanitaires et de distanciation physique sera également plus facile à faire respecter puisque les rendez-vous seront envoyés par les moyens de communication interne.

Le dépistage par écouvillonnage est réalisé sur place et les échantillons seront ensuite transportés au CIUSSS MCQ pour analyse.

Tous les participants seront avisés des résultats.

« Il est primordial de connaitre l’importance de ce phénomène au niveau communautaire, car il permet d’orienter les mesures de santé publique à prendre. Les données qui seront obtenues pourront avoir de multiples retombées immédiates. Elles pourraient permettre de revoir le modèle de distanciation sociale, de réévaluer les projections sur les taux potentiels d’hospitalisation et estimer le pourcentage de la population immunisée et ainsi être mieux préparé pour une seconde vague », explique Hugo Germain, professeur au Département de chimie, biochimie et physique de l’UQTR et l’un des cochercheurs principaux du projet.

Un projet de recherché monté en un temps record

Les délais ont été très courts pour lancer le projet DECOPA et en préparer l’organisation clinique.

«On avait une semaine pour bâtir l’organisation et le fonctionnement de la clinique, tout en respectant les mesures de distanciation sociale. Il faut s’occuper des participants au même titre que s’ils étaient contagieux, ne sachant pas s’ils sont porteurs ou non du virus. Ce sont les mêmes mesures que celles prises dans les cliniques de prélèvement. On a organisé des rendez-vous pour s’assurer d’un bon roulement afin que les participants soient présents à la clinique le moins longtemps possible», détaille Nathalie Houle, enseignante en Soins infirmiers au Cégep de Trois-Rivières.

Une fois l’étude terminée, l’équipe derrière le projet DECOPA prendra le temps d’analyser l’ensemble des données et informera, au plus tôt, le laboratoire de santé publique afin de partager les données recueillies avant qu’elles ne soient publiées dans une revue scientifique.

Ce projet est rendu possible grâce à la mise à contribution des savoirs et expertises des professeurs de l’UQTR, du Cégep de Trois-Rivières et des experts du CIUSSS MCQ.