Coup d’État au Chili: Juan Montecinos y était

C’était le 11 septembre 1973. Une journée qui aurait pu être comme les autres. Juan Montecinos était au Chili, là où il a grandi. Ce matin-là, les militaires, entre autres menés par Pinochet, renversent le président démocratiquement élu Salvador Allende lors d’un coup d’État sanglant.

Juan Montecinos n’est resté que durant quatre ans au Chili après le coup d’état, les quatre années les plus intenses de sa vie, affirme-t-il. Il travaillait alors au sein d’une fédération syndicale.

«Le Chili a toujours été divisé. On voulait changer le monde à notre façon et on croyait pouvoir le changer. À cette époque, on voyait des coups d’état ailleurs, mais on se disait que ça ne se passerait jamais chez nous. Le matin du 11 septembre, on voyait plusieurs journalistes internationaux, ce qui n’était pas habituel. Tout était planifié», raconte M. Montecinos.

Les quatre années suivantes, il a travaillé clandestinement à remettre sur pied des syndicats. Le 8 mars 1974, lors d’un premier acte public de la fédération pour laquelle il travaille, les militaires étaient là et ont procédé à plusieurs arrestations. Certaines personnes ont disparu, n’ont plus donné signe de vie.

Juan Montecinos a réussi à éviter de se faire prendre et a continué son travail.

«Je ne pouvais pas trop me faire voir, mais je n’avais pas peur. J’étais constamment sur l’adrénaline. Je pense que cette période a été plus difficile pour ma femme et mes enfants», mentionne-t-il.

C’est en 1977 qu’il se fait arrêter par les militaires. Il a eu la chance de s’en sortir, mais il n’avait plus le choix: il devait quitter le pays. Trois choix se sont offerts: la Hollande, la Suède et le Canada.

Seul le Canada a accepté de faire sortir la famille de M. Montecinos avant lui. Le 24 décembre, il prenait l’avion vers le Canada.

«Le Chili n’a pas changé depuis le coup d’État. C’est ce qui fait le plus mal. La répression continue et ce sont encore les jeunes qui se battent. Le pays est aussi en train de perdre tout son côté culturel. Le folklore n’y a plus sa place», conclut-il.

Le régime Pinochet en chiffres

-2279 mots et disparus de la dictature militaire…dont 97,76% étaient des Chiliens

-33 221 personnes arrêtées entre 1973 et 1990: 27 255 reconnues comme victimes de prison politique et de torture

-68% ont été arrêtés en 1973