Conclusion de la Commission municipale du Québec: une occasion manquée de se remettre en question, selon Pascale Albernhe-Lahaie

Les élus du conseil municipal « ont pris acte » de la lettre de la Commission municipale du Québec dans laquelle l’organisation déclare qu’elle ne mènera pas d’enquête concernant les allégations de propos « racistes et misogynes » au sein de la Ville. La conseillère du district des Rivières, Pascale Albernhe-Lahaie, qui a sonné l’alarme sur la tenue de tels propos, ne cache pas sa déception face à la conclusion de la Commission.

« Je pense que les enquêteurs de la Commission municipale du Québec ont fait leur travail, mais je pense qu’on a peut-être manqué une belle occasion de se remettre en question, de voir quel type de politique municipale on peut faire. Peut-être qu’en 2022, on est rendu ailleurs, qu’on doit plus se respecter et que des attitudes d’agressions passives n’ont plus leur place. Ça doit être dit et on doit cesser de normaliser ces situations », commente Mme Albernhe-Lahaie.

Elle rappelle que son intention première avec cette sortie publique était de faire avancer la ville sur la question de la transparence. Lors de son point de presse à la fin du mois d’août, elle déplorait une « culture du secret » au sein de l’administration municipale, lançant un appel aux membres du conseil et à la population dans le but de changer les choses. Elle proposait alors une meilleure transparence comme solution.

« Je pense que ça va faire avancer des choses malgré tout. L’important, c’est d’en parler. Parler de tout ça a permis d’ouvrir le débat sur le climat de travail, mais également sur les moyens pour en arriver à une meilleure transparence. Ça a toujours été mon cheval de bataille, rappelle la conseillère municipale. Avoir des comités publics et enregistrés permettrait d’avoir une certaine autorégulation et les citoyens sauraient comment on travaille et comment on se positionne comme élu. »

Pendant la séance publique du conseil municipal, la citoyenne Hélène Gauron est revenue sur la question, affirmant qu’elle a « vu de la discrimination et de la misogynie », en particulier par rapport à des attitudes.

« Ce ne sont pas nécessairement des gestes. Par exemple, depuis trois ans, quand il y a une période de conflit et qu’une personne lève les yeux au ciel chaque fois que tu parles ou quand tu travailles avec une personne et qu’elle passe à côté de toi sans même te saluer, c’en est de la violence psychologique. Je l’ai vécu à la STTR, affirme celle qui s’est impliquée pour faire entendre la voix d’usagers de la Société de transport de Trois-Rivières. Je me rends compte que les gens ne savent pas ce qu’est la violence psychologique et l’intimidation. Comme citoyens, on commence à être tannés des guerres. On a besoin d’harmonie. »

Pascale Albernhe-Lahaie a d’ailleurs été émue pendant l’intervention de la citoyenne. « Ce que Mme Gauron rapportait était une belle leçon de communication non violente. Ça rejoignait différentes choses que j’ai dénoncées pendant l’enquête et qui n’ont pas été retenus. il y a une ambiance à améliorer, des rapports à améliorer entre nous », souligne la conseillère du district des Rivières.

Son confrère du district de Châteaudun, Luc Tremblay, a également réagi pour exprimer son désaccord avec la conclusion de la Commission municipale du Québec. « Il y a eu des propos misogynes. J’ai vu plein de choses et j’en ai fait allusion au conseil cet après-midi. Quand je parle à d’autres personnes autour de la table et me disent que j’ai raison, mais ensuite, ils se taisent. Je trouve que c’est inacceptable », déclare-t-il.

Rappelons qu’après avoir rencontré plusieurs témoins, la Commission municipale du Québec a déclaré qu’elle ne poursuivra pas de démarche d’investigation supplémentaire en lien avec son enquête portant sur des allégations de  » violence « , de  » misogynie  » et de  » racisme  » au sein du conseil municipal. L’organisation a noté l’existence, entre certains membres du conseil, « de conflits de personnalités et de valeurs sur différents enjeux municipaux, ce qui explique notamment pour les relations entre certains d’entre eux sont tendues. Les discussions sont parfois houleuses, le ton peut monter et des personnes peuvent être ignorées lorsqu’elles expriment une idée ».

Un comité formé d’élus et du directeur général de la Ville de Trois-Rivières travaillent actuellement sur une proposition pour améliorer la transparence à la Ville.Une résolution doit être déposée lors de la prochaine séance publique du conseil, le 16 novembre.