Co-Kreative : quartier général pour nomades numériques

TROIS-RIVIÈRES. Ils sont producteurs, infographistes, planificateurs stratégiques et spécialistes en impression 3D. Maintenant, imaginez ces travailleurs sans bureau fixe regroupés sous un même toit, partageant tantôt leur savoir-faire, tantôt leur réseau de contacts tantôt leur volonté de « sortir du cadre ». 

Avec son décor de briques ternes, le 950 Saint-Prosper ne ressemble en rien à l’idée qu’on se fait des espaces de « coworking », cette solution de rechange au travail à la maison qui émerge un peu partout sur la carte. De l’extérieur, rien n’indique qu’entre ses murs, cet immeuble de deux étages, isolé en plein cœur du centre-ville trifluvien, cache depuis peu le quartier général d’un groupe de nomade numérique.

En fait, cela viendra. Une plaque en bois vient d’être installée sur la façade. Et ce n’est qu’une question de temps avoir d’y voir apparaître le nom de la maison. « L’enseigne est en cours de création. On devrait la recevoir d’ici quelques jours », prévient Philip Fugère, l’entrepreneur derrière le projet.
Le nom, c’est la Co-Kreative. Actuellement, ils sont quatre travailleurs autonomes qui ont troqué le coin de leur table de cuisine et leur solitude pour un espace de style bureau-comme-à-la-maison, mais où le travail se fait « ensemble ». Le leitmotiv de la maison ? Vous l’aurez compris : l’échange.

Pour la petite histoire…

À tout juste 26 ans, Philip Fugère compte déjà au compteur plus de sept ans d’expérience dans le monde de la production vidéo, que ce soit auprès de Radio-Canada ou au sein de sa propre compagnie. Un bon bagage qu’il a déposé, le mois dernier, dans la Capitale régionale, « une ville remplie d’opportunités », explique-t-il.

En quatre semaines, le jeune homme n’a pas chômé. Vraiment pas. Il a ajouté à sa liste de clients la Ville de Trois-Rivières et Tourisme Mauricie, il a fait l’acquisition d’un immeuble entier sur la rue Saint-Prosper… Puis, il a eu une idée.

Pourquoi ne pas réunir des pigistes complémentaires –qui œuvrent dans le domaine du numérique– sous un même toit et ainsi favoriser le partage de connaissances ? Un peu comme du «speed dating», sauf qu’ici, on met en relation des travailleurs dans le milieu du numérique et des clients. C’est donc dans cette optique qu’est née la Co-Kreative.

« Tout s’est fait rapidement », a raconté Philip Fugère, tout en prenant quelques secondes pour retrouver son souffle. Au cours des derniers jours, il a créé une nouvelle entreprise et publié une annonce pour trouver d’autres travailleurs autonomes. Des dizaines de réponses sont entrées. Pour commencer, le coup d’envoi se fera avec quatre associés.

Créer une communauté

La Co-Kreative se veut un véritable centre multiservice, décrit le propriétaire de la place. Chaque pigiste qui déménage son quartier général dans l’un des locaux apporte du même coup son matériel avec lui.

« La production vidéo, l’enregistrement audio, la conception de sites web en passant par l’impression 3D ; tous les services sont au même endroit. Alors, tant qu’à y être, pourquoi ne pas s’échanger des services », a soulevé Philip. Dans cette façon de faire, tout le monde est gagnant.

Ainsi, lorsqu’un client passe la porte du 950 Saint-Prosper, il trouvera toutes les ressources et les équipements dont il a besoin et qu’il n’a pas à la maison pour réaliser son idée.

Conscient qu’il s’agit d’un milieu précaire, Philip a décidé de rendre tous les studios disponibles au public à des prix moindres. « Le matériel est là. Utilise-le », a lancé l’instigateur du projet. Le concept est aussi simple que ça. On l’a notamment vu dans le domaine de la cuisine. « Tu veux un malaxeur? Je peux t’en passer un. Ici, ce sera, tu as besoin de son? Je peux te le faire. Un logo? Aussi », a-t-il résumé.

Par ailleurs, l’entrepreneur a eu l’autorisation de la Ville de Trois-Rivières afin de bâtir une scène à même la cour extérieure du bâtiment. Dès 2018, celle-ci pourra servir de scène secondaire pour les festivals, par exemple lors du Festivoix. Le reste de l’année, des artistes émergents fouleront les planches à l’occasion.

« J’envisage aussi de faire peindre une fresque sur ce mur-ci », affirme-t-il, en pointant le côté droit de l’édifice. « Et sur l’autre, on pourrait même projeter des films. »

Visiblement, l’immeuble est encore un immense chantier, savamment orchestré par le contremaître de la place entre deux-trois productions de vidéos. Une chose est certaine, une petite révolution numérique se prépare à Trois-Rivières.