CHSLD: les familles dénoncent le manque de personnel

SANTÉ. Les préposés aux bénéficiaires sont à bout de souffle, clament une dizaine de familles prenant soin de proches en CHSLD à Trois-Rivières, qui demandent, du même coup, de meilleures conditions de travail pour le personnel.

C’est l’inquiétude pour leurs proches qui guide leur démarche, appuyée par la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).

L’inquiétude était particulièrement palpable chez Robert Lafond. Étranglé par l’émotion, c’est par un tiers que ses propos ont été entendus. C’est que M. Lafond est en fin de vie. Il visite tous les jours sa femme en CHSLD. Sa femme parle peu, ne réclame rien. Sa crainte: qu’arrivera-t-il lorsqu’il ne sera plus là pour prendre soin de sa femme?

De son côté, la mère d’Andrée Côté a 98 ans. Sa sœur et elle s’alternent tous les jours pour lui rendre visite.

«Cet univers est encore tout nouveau pour nous, mais on voit parfois qu’il y a une préposée pour nourrir tout le monde sur l’étage avec une aide de service seulement. Après, il faut les coucher», témoigne Mme Côté.

«Ça me fait peur. Les préposés que je vois sont épuisés.»

Cette crainte est aussi partagée par Sylvie Ouellette: «Une journée où j’étais sur place, il manquait 11 personnes pour quatre étages. Les résidents étaient en jaquette. Les bains n’ont pas été donnés. Les lits n’ont pas été faits de la journée. On voit que les préposés sont fatigués, mais ce sont des services qu’on paie et qui ne sont pas donnés».

«J’aimerais que les coûts que nous déboursons pour des services non-reçus soient remboursés», ajoute-t-elle.

Une stabilité demandée

Andrée Michaud prend soin de sa mère depuis 2014 en CHSLD. Elle remarque que les nouveaux résidents qui entrent sont en moins bonne condition qu’il y a quelques années. «Ils demandent plus de soins, mais les préposés n’ont pas plus de temps pour donner les soins», souligne-t-elle, décriant, au passage, une bureaucratie trop lourde.

Mme Michaud invite d’ailleurs le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, à venir dans les CHSLD de Trois-Rivières, sur les étages, pour constater la situation et voir les familles.

«Que M. Barrette fasse ses devoirs et qu’il vienne nous rencontrer. Je paie 109$ de plus par mois pour avoir moins de services. Plus de coûts, moins de préposés et une population plus lourde: voilà la situation. On va bientôt ramasser les préposés à la petite cuillère et n’oublions pas qu’ils ont le droit d’avoir une vie aussi.»

Elle demande aussi une meilleure stabilité des effectifs dans les CHSLD. «Aujourd’hui, ils ne donnent pas de poste aux préposés. Ils se promènent entre les différents établissements. Ce serait plus efficace s’ils avaient des postes fixes», plaide Mme Michaud.

Vers un recours collectif?

«Les familles ont d’autres choses à faire. Quand tu entres tes parents en CHSLD, tu penses que tu vas aller les visiter. Ce qui arrive, c’est que ces personnes sont toutes des bénévoles. Le réseau est quasiment basé sur les bénévoles. Ça prend une structure. On réclame des changements. C’est le début d’un mouvement», prévient Claude Audy, vice-président régional de la FSSS-CSN.

L’organisation syndicale dénonce depuis environ cinq ans le manque de préposés aux bénéficiaires dans la région. «Il y a une inertie du côté de l’employeur au CIUSSS. Ils font de belles promesses, mais elles ne se réalisent pas», affirme M. Audy.

La FSSS-CSN organise actuellement une rencontre régionale destinée aux familles concernées par la situation d’un proche en CHSLD afin de dénoncer le manque de services.

La possibilité d’un recours collectif est aussi envisagée.

«On regarde s’il est possible, juridiquement, de lancer un recours collectif étant donné que les familles n’ont pas les services pour lesquels elles paient, afin de se faire rembourser les montants. On invite toutes les familles à cette rencontre, ainsi que les députés et les maires. Ce sont les familles qui ont le plus grand pouvoir de changer les choses. C’est le pouvoir des électeurs», explique  Claude Audy.

Aucune date de rencontre n’a encore été fixée, mais M. Audy a bon espoir que le tout pourrait se faire d’ici la fin du mois de février.