Chaire autodétermination et handicap: acquérir son pouvoir d’agir
Félix Lapointe vit en appartement depuis déjà un an. La particularité, c’est qu’il vit également avec la trisomie 21. Cependant, ce n’est pas toutes les personnes en situation de handicap qui ont cette chance. C’est notamment dans cette optique que le professeur Martin Caouette poursuit ses recherches, pour rendre possible un chez-soi pour tous.
Mercredi dernier, l’Université du Québec à Trois-Rivières annonçait la création de la nouvelle chaire de recherche autodétermination et handicap, donc Martin Caouette est le titulaire. Au cours des cinq prochaines années, le professeur au Département de psychoéducation se penchera autant sur l’aménagement des résidences de personnes vivant avec un handicap que sur le développement des compétences des intervenants qui travaillent auprès de cette clientèle.
« Pour les personnes en situation de handicap, c’est parfois un défi extraordinaire que d’arriver à s’implanter dans un lieu et de se sentir chez soi, et d’avoir une activité significative par le biais d’un travail ou d’une activité bénévole qui va donner un sens et structurer leurs journées », raconte Martin Caouette.
« Nos travaux visent à satisfaire les besoins des personnes handicapées, en tenant compte de leurs caractéristiques spécifiques. Nous voulons leur permettre d’avoir accès à des milieux résidentiels où ils seront autonomes et où ils pourront bénéficier du soutien requis à leur situation, ce qui devrait favoriser leur autodétermination et le renforcement de leur pouvoir d’agir », explique Martin Caouette.
Les activités de recherche en cours portent notamment sur l’amélioration du processus d’intégration en emploi des personnes en situation de handicap. Sur le plan de la recherche s’ajoutent des activités de formation et de développement de compétences. Par exemple, M. Caouette et son équipe travaillent actuellement au développement d’une formation en ligne pour venir appuyer les intervenants qui accompagnent au quotidien des personnes en quête d’autodétermination.
Développement de modèles résidentiels
Michèle Lafontaine, la maman de Félix Lapointe, est également la présidente de J’ai mon appart’ à Shawinigan, un projet domiciliaire supervisé pour les personnes ayant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme (TSA). C’est d’ailleurs des projets comme celui de Mme Lafontaine qui bénéficieront de l’expertise et des recherches de M. Caouette.
« Ce que je retiens, c’est le dynamisme et l’implication de Martin Caouette, parce que c’est l’âme de cette chaire de recherche. Martin a un désir profond de faire en sorte que les personnes qui ont une déficience intellectuelle ou un TSA puissent avoir une vie pleine et entière », témoigne la présidente de J’ai mon appart’.
« En tant que parent, je peux dire que c’est extraordinaire de voir qu’il y a un chercheur qui va s’intéresser à cette réalité, mais aussi qui va pouvoir développer des modèles résidentiels pour nos personnes », ajoute-t-elle.
Des partenaires québécois et internationaux
La chaire autodétermination et handicap est soutenue par plusieurs partenaires qui participent financièrement à sa création. Au Québec, elle reçoit l’appui de la Fondation famille Jules-Dallaire, de la Fondation Saputo ainsi que de l’Institut universitaire en déficience intellectuelle du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec. À ces partenaires s’ajoutent deux collaborateurs français, soit le Groupement des associations partenaires d’action sociale et l’Association pour adultes et jeunes handicapés.
« La présence de ces partenaires dans notre projet témoigne d’un réel besoin exprimé sur le terrain. La création de cette chaire permettra non seulement d’améliorer nos pratiques dans la région, mais aussi un meilleur partage des connaissances tant au Québec qu’à l’international, confie M. Caouette. Les partenariats sont nombreux et les collaborations sont fortes, et l’idée générale qui réunit ces gens-là est celle d’offrir aux adultes en situation de handicap une vie qui correspond à leurs aspirations et sur laquelle ils vont pouvoir agir, avoir du pouvoir et avoir du contrôle ».