«C’est le réseau de la santé qui est malade»

SANTÉ. La Fédération de la santé du Québec et le Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires du Cœur-du-Québec lancent un cri d’alarme, à la suite d’une enquête terrain réalisée auprès des membres au cours des derniers mois.

«Il y a un sentiment d’usure dans les établissements de la région. Le climat de travail est à son plus bas. La surcharge de travail rend la rétention du personnel dont nous avons besoin plus difficile. Le manque de ressources a des conséquences sur le personnel en place qui gère des heures supplémentaires obligatoires ou volontaires. Mais malgré tout, il y a des compressions dans le système de la santé», soulève Andrée Guillemette, présidente du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires du Cœur-du-Québec.

«On constate un essoufflement et une augmentation du taux d’absentéisme. La surcharge de travail cause une hausse du stress chez le personnel. Il y a un mauvais climat de travail et le personnel est à fleur de peau.  Il y a plus de patients, plus de soins, plus de cas lourds, mais moins de personnel et le personnel est de moins en moins satisfait de la qualité de son travail», ajoute-t-elle.

Des coupures aux conséquences graves

Le réseau public de santé ne peut plus encaisser de nouvelles coupures budgétaires sans que cela ait des conséquences graves pour les patients, en ce sens où l’état d’épuisement des travailleurs de la santé risque d’avoir un impact sur la qualité des soins, affirme la Fédération de la santé du Québec.

«On voit beaucoup d’infirmiers et infirmières partir à la retraite et qui ne sont pas remplacés. Les coupures de personnel nous amène à ne faire que le strict nécessaire. Par exemple, les menus de la cafétéria pourraient être moins variés et les travailleurs pourraient changer moins souvent les culottes en CHSLD. Le personnel est de moins en moins satisfait de devoir travailler dans des conditions où il peut difficilement maintenir la même qualité de soins», indique Andrée Guillemette, présidente du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires du Cœur-du-Québec.

«Le personnel de la santé est tellement rendu au bout du rouleau qu’il tombe de plus en plus malade. L’augmentation des congés de maladie le démontre clairement. En 2012-2013, l’assurance salaire pour le personnel du réseau de la santé a coûté 389,6M$, soit une hausse de 6,1% comparativement à l’année précédente. Et l’assurance salaire ne diminue pas depuis plusieurs années», souligne Claire Montour, présidente de la Fédération de la santé du Québec.

«Les besoins augmentent, mais on fait face à des compressions», ajoute Mme Guillemette.

La Mauricie dans la moyenne

En Mauricie, les établissements hospitaliers se retrouvent dans la cible des 6% d’heures d’assurance salaire. Par contre, les Centres de santé et de services sociaux (CSSS) de La Tuque, Shawinigan et Maskinongé ont un ratio d’heures d’assurance salaire plus élevé que la norme provinciale de 6,09%.

«C’est le réseau de la santé qui est malade, lance Mme Montour. On entend même qu’il faut faire des compressions pour sauver le réseau. C’est absurde.»

Depuis plusieurs années, le ratio d’heures d’assurance salaire varie entre 4,8% et 6%. Au Québec, les infirmières auxiliaires auraient cependant un ratio d’heures d’assurance salaire qui s’élève à 7,6%.

«Souvent, quand on est rendu à l’assurance salaire, il s’est passé beaucoup de choses avant. Ils vont souvent tenter de changer de poste, ont pris un congé sans solde, etc. Ce sont 60% des congés maladie qui sont de l’ordre de la santé mentale, comme la dépression et le burnout», explique Mme Montour.

Pistes de solution

Comment régler la situation? Claire Montour est d’avis qu’il faut d’abord regarder les structures de poste, revoir la constitution des équipes de soins ainsi que le ratio patients-infirmières.

«C’est aussi une question de personnel, de stabilité des équipes. Il y a plus qu’une piste de solution», note Mme Montour.

La rétention des nouveaux infirmiers et infirmières sera également importante. La plus récente étude à ce sujet montrait qu’une infirmière sur cinq ou sur six quittait au cours de ses cinq premières années dans la profession.