Centres jeunesse : des délais de traitement dépassant 4 mois

CENTRES JEUNESSE. Les syndicats des Centres jeunesse de la Mauricie et du Centre-du-Québec dénoncent les coupes budgétaires et s’inquiètent des importants délais de traitement des signalements.

Les centres jeunesse ont subi des compressions de 50 millions de dollars entre 2010 et 2014. Alors que de nouvelles coupes de 34 millions s’annoncent dans le réseau, les intervenants sont à bout de souffle et ont le sentiment de ne pas faire leur travail aussi bien qu’ils le voudraient.

«On a des exigences ministérielles à respecter quand on reçoit un signalement. Habituellement, le premier contact devrait se faire à l’intérieur de huit jours. L’an dernier, on était à 26 jours et ces délais continuent de se maintenir», explique Manon Hamel, présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs des Centres jeunesse de la Mauricie et du Centre-du-Québec de la FSSS-CSN.

«Il y a des degrés d’urgence dans un signalement, ajoute-t-elle. Les cas les plus urgents sont traités selon le délai ministériel, mais les cas les moins urgents (négligence, troubles de comportement, etc.) seront grandement délaissés. Les délais peuvent être de plus de quatre mois. Ce ne sont pas tous les signalements, mais certains sont traités avec des délais inacceptables.»

L’un des impacts de cette situation est la dégradation d’une situation signalée. «Le cas finit par être plus urgent et, donc, le service est plus rapide. Les interventions sont donc souvent plus longues et plus difficiles parce qu’on a laissé la situation s’envenimer. À la fin, on se retrouve avec des jeunes extrêmement poqués», témoigne Mme Hamel.

Critères resserrés

Depuis la mise sur pied du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS), cette dernière remarque une détérioration des services, notamment au niveau des signalements, des évaluations et des premiers pas faits en centre jeunesse.

«La plus grande impression qu’on a en ce moment, c’est d’être sous une gestion administrative et non pas en train d’offrir des services, explique Claude Audy, vice-président de la FSSS-CSN au Cœur du Québec. Sur le terrain, c’est peu de services et faire plus avec moins.»

«On a même resserré les critères de rétention pour s’assurer de garder moins de signalements, renchérit Mme Hamel. Quand on regarde le nombre de signalements, on voit qu’on en retient quand même beaucoup, mais on sait que c’est parce qu’on a resserré les critères. On gère le risque, mais gérer le risque, c’est gérer la vie des enfants et la patience des parents.»

Certaines équipes de travail à Trois-Rivières ont des listes d’attente de 77 signalements. On compte environ 50 intervenants en Mauricie et au Centre-du-Québec, dont plus de 15 à Trois-Rivières. Les Centres jeunesse couvrent l’entièreté des deux territoires, de La Tuque à Drummondville et Victoriaville.