Boisé des Estacades: vers une consultation publique

AFFAIRES MUNICIPALES. Près d’une centaine de citoyens inquiets de l’avenir du boisé des Estacades se sont présentés à la séance publique du conseil municipal, mardi soir, pour exprimer leurs inquiétudes concernant la mise en vente du boisé des Estacades et pour déposer une pétition comptant 13 557 signatures.

Le maire Yves Lévesque a voulu se faire rassurant: «En ce moment, le zonage du terrain permet seulement la construction d’une bâtisse. Selon la dernière étude faunique et floristique, il faut protéger 40% du terrain, en plus d’un 10% qui devrait être consacré à un parc. Au total, 50% du terrain n’est pas développable. (…) Je me fais un devoir de rendre les bandes riveraines accessibles. C’est un héritage qu’on laisse aux générations futures».

Près d’une centaine de citoyens inquiets de l’avenir du boisé des Estacades.

«L’acte de vente m’a beaucoup inquiété, lance Charles Fontaine, initiateur de la pétition. On voit comme les gens sont inquiets. Nous sommes venus ici parce que nous voulions de l’information. C’est très bien que vous ayez à cœur les berges, mais rien ne nous dit que ce sera le cas d’un prochain maire.»

En fait, il n’est pas possible pour un promoteur de construire plusieurs immeubles sur ce terrain sans une approbation référendaire. Il faut aussi rappeler que la Ville de Trois-Rivières avait déjà fait l’acquisition de gré à gré de la bande riveraine.

Si un promoteur devait déposer un projet, celui-ci devrait d’abord procéder à une nouvelle étude faunique et floristique, la dernière ayant été réalisée datant de plus de deux ans. Toutefois, en termes de protection environnementale, on ne retrouverait pas d’écosystème forestier dit «exceptionnel» dans le boisé des Estacades.

Il faut également savoir que la Ville possède un pouvoir discrétionnaire dans le dossier du boisé, puisque le plan d’urbanisme et le schéma d’aménagement ne permettent pas l’ouverture de rues ou un développement de plusieurs habitations.

Une vision à long terme demandée

Le maire Yves Lévesque s’est dit en faveur d’un processus de consultation publique et d’une séance d’information à l’intention des citoyens.

D’autres citoyens ont exprimé le désir de voir la Ville de Trois-Rivières acquérir le terrain qui accueille le boisé des Estacades. Sur cette question, M. Lévesque a indiqué qu’il importe d’avoir une vision globale des choses. «Là, on évalue les différentes opinions autour de la table», note-t-il.

«Une des richesses pour les villes, c’est la nature en ville. Ça vaut de l’or présentement. Au-delà de ce que ça peut apporter à la population, que ce soit le bien-être des plus jeunes et des aînés. C’est aussi une image de la ville. Ce site est exceptionnel de par sa proximité de la rivière, dans le prolongement de Trois-Rivières sur St-Laurent. Ce boisé est une richesse pour la ville, pour les citoyens et pour les gens qui ont le goût de s’installer ici. Le lieu a aussi un potentiel récréotouristique énorme», plaide Sylvie Milot, géographe de formation.

Des conseillers municipaux estiment que le conseil de ville devrait se pencher sur une vision à long terme pour l’ensemble des boisés, afin d’établir des critères spécifiques, que ce soit en matière d’utilisation ou de développement.

Le conseiller du district des Estacades, Pierre-Luc Fortin, suggère de prendre un temps de réflexion afin de bien évaluer l’ensemble du dossier.

«Ce boisé, c’est plus que des arbres. Il a aussi une valeur sociale. Je veux qu’on fasse une réflexion, qu’on s’entende sur une vision et qu’on agisse. Je souhaite que la conclusion de ce processus soit acceptable», précise-t-il.

Satisfaits, mais…

Charles Fontaine et Valérie Deschamps, les initiateurs de la mobilisation, se sont dit relativement satisfaits des explications du maire, mais ils auraient souhaité une réponse plus claire.

«On aimerait savoir où on se dirige avec ce dossier, mais on est content de voir l’ouverture à une consultation publique. On espère que les citoyens seront consultés. On est seulement en partie rassuré. C’est le troisième projet qui est annoncé. Il y a toujours eu des inquiétudes. Les choses vont peut-être se placer, mais on n’a aucune certitude», soutient Charles Fontaine.

«Là, on est nombreux. C’est la première fois en 30 ans qu’on réunit autant de personnes sur un même projet. On a la force du nombre pour être écouté. On va suivre ça de près», conclut-il.