Biogaz: la RGMRM met fin à son contrat avec Savoura

ÉNERGIE. Lors de la séance de juin, le conseil d’administration de la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie (RGMRM) a officiellement résilié un contrat coûteux et contraignant qui prévoyait la livraison de biogaz aux Serres Savoura pour une quinzaine d’années encore.

Le site d’enfouissement pourra maintenant se doter d’infrastructures pour la vente de gaz naturel renouvelable à Énergir, ce qui pourrait lui rapporter 5M$ annuellement.

«Nous sommes libérés d’un poids important», laisse tomber d’emblée Michel Angers, maire de Shawinigan et président de la RGMRM, sans toutefois préciser le montant du rachat de ce contrat pour des raisons de confidentialité.

Livrer du biogaz répondant aux critères de qualité prévus à l’entente de 2007 exigeait un traitement peu avantageux pour la RGMRM, qui engendrait des déficits jusqu’à 500 000$ annuellement, notamment pour l’entretien.

De plus, le contrat prévoyait que la RGMRM devait, lorsqu’elle n’arrivait pas à subvenir aux besoins de Savoura, payer l’achat de gaz naturel auprès d’Énergir.

Puis, après dix ans d’opération, le système de traitement du biogaz était devenu inopérant. Une importante mise à niveau des équipements aurait été nécessaire, ce qui aurait entraîné des coûts importants, de l’ordre de 1,5M$, pour la Régie.

La Régie et les Serres Savoura St-Étienne inc. (maintenant Sagami) ont exploré différentes avenues afin de moderniser l’entente de 2007 de manière à ce qu’elle serve les deux parties. Après trois ans de discussions, les deux parties ont convenu que la meilleure décision d’affaires était de de mettre fin aux à leurs droits et obligations respectifs.

D’un déficit à un important profit

Le gouvernement du Québec, dans son Plan directeur en transition, innovation et efficacité énergétique récemment dévoilé, fixe des seuils minimaux de teneur en gaz naturel renouvelable dans le réseau d’Énergir, anciennement Gaz Métro.

Cette mesure a pour effet d’offrir des opportunités pour les générateurs de gaz naturel renouvelable, comme la RGMRM.

«Le moment est propice à revoir globalement notre stratégie de valorisation des biogaz, une énergie renouvelable exceptionnelle et porteuse d’avenir», soutient Michel Angers, bien heureux de ne plus être contraint de vendre à rabais cette précieuse ressource. «Nous sommes assis sur une mine d’or.»

La RGMRM entend donc construire une usine au coût avoisinant les 10M$, qui permettrait de purifier les 20 millions de mètres cubes de gaz récupérés annuellement. Environ 8 millions de mètres cubes étaient auparavant acheminés à Savoura, tandis que le reste était brûlé. La vente de ce volume de gaz à Énergir pourrait rapporter jusqu’à 5M$ annuellement.

«C’est une excellente opportunité pour les citoyens et pour la Régie de passer d’une situation déficitaire à une situation extrêmement rentable pour les prochaines années.» La dette de la RGMRM est actuellement de près de 50M$.

Vers une usine de biométhanisation?

Ces nouvelles opportunités ouvrent également la porte à la construction d’une usine de biométhanisation, qui permettrait, en plus des installations au site d’enfouissement, de produire du biogaz de grande qualité à partir de matière putrescibles. «Le gaz produit jusqu’ici n’était pas suffisamment intéressant en termes de profit pour absorber les coûts de la construction d’une telle usine», ajoute M. Angers.