Bilan d’une première année pour le directeur des Petits chanteurs

Le directeur musical et artistique des Petits chanteurs, Marc Henric, est entré en poste à la fin de 2022. Après avoir fait un tour complet de calendrier, il trace le bilan d’une première année à la tête de l’organisation.

Il s’agissait de tout un changement de vie pour Marc Henric qui arrivait de France où son expertise en direction de chœurs d’enfants est amplement reconnue. Il est détenteur, notamment, d’une licence de musicologie de la Sorbonne.

« C’est la vie qui m’a conduit ici. Il y avait cette opportunité. L’objectif était de prendre un chef qui avait une expérience d’une tradition maîtrisienne, c’est-à-dire une tradition de chœur d’enfants professionnels. Ça date du Moyen Âge et c’est toute une école française. Il y avait l’idée que j’amène cette expertise. Mais ç’a été une vraie question: je suis venu avec une famille. Ce changement de vie, on s’est dit qu’on avait l’âge pour le faire, que si c’était dans quelques années, on ne l’aurait pas fait. Donc, on a foncé. »

Son arrivée à la direction des Petits chanteurs de Trois-Rivières coïncidait avec les célébrations du 75e anniversaire d’existence de la chorale. Il a donc rapidement dû se mettre à la tâche afin de monter un spectacle important.

« C’était un gros défi parce que j’arrivais et j’avais au bout de quelques mois un très gros concert à faire avec orchestre et avec des enfants qui n’avaient pas vraiment l’expérience. Et le défi a été relevé puisqu’on a fait vraiment un grand concert. Les enfants ont été admirables en chantant des œuvres très variées, parfois complexes. Nous avons été rejoints par un chœur des anciens. Nous avions l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières et les chanteurs du groupe Quartz, nos invités d’honneur. Ce sont des gens absolument formidables avec lesquels c’est extrêmement facile de travailler. Ils sont venus avec d’autant plus de plaisir que ce sont des anciens petits chanteurs. »

Le défi était grand puisque le chœur était pratiquement à rebâtir.

« C’est une aventure gigantesque. C’est un chœur de 75 ans, mais un chœur tout nouveau en même temps. Comme hélas beaucoup de structures, et notamment des chœurs d’enfants, nous avons été très touchés par la covid. Le chœur avait complètement fondu et c’est normal parce que pendant deux ou trois ans il n’y avait aucune possibilité de faire de concert. Donc c’était un redépart. Je suis arrivé avec des enfants qui n’avaient pas d’expérience de chant. Pour la plupart, ils venaient de rentrer dans le chœur. Ce qui était passionnant c’est qu’on a construit ensemble quelque chose et on a appris à se connaître. Les enfants ont fait un travail vraiment extraordinaire depuis un an et ils continuent de travailler d’arrache-pied. »

Pour en arriver à un tel résultat, le chef a inculqué des valeurs d’effort, de rigueur et de discipline.

« Moi, venant de France, on n’a pas forcément le même type de pédagogie. La discipline, c’est un mot qui est très intéressant et qui est surtout galvaudé. On lui donne une mauvaise signification. Derrière discipline, souvent, on voit sévérité, dureté, mais ce n’est pas du tout ça. D’ailleurs, ça fait partie du slogan que j’ai voulu donner: « École de vie, école de joie ». L’objectif c’est d’atteindre la joie par l’accomplissement. On va faire un travail qui va être très exigeant et on va susciter respect, admiration, on va provoquer de l’émotion. Et là, ils découvrent la vraie joie. On a mis en place des règles très précises. Ç’a pu surprendre au départ, mais je vous assure que maintenant, ils sont parfaitement épanouis là-dedans et ils ont une grande fierté de savoir qu’ils font très bien les choses, qu’ils travaillent pleinement. »

Parmi les moments forts de la dernière année, M. Henric identifie la collaboration des Petits chanteurs avec l’Opéra de Trois-Rivières.

« C’est un projet qui n’était pas simple parce que les enfants ont dû assurer les parties chœur de l’opéra « Les pêcheurs de perles » de Georges Bizet. Or, c’est un opéra qui n’est pas du tout écrit pour des enfants, ce sont de vraies parties adultes. C’est toujours un défi intéressant à relever, ces expériences musicales et ça permettait aux enfants d’avoir une expérience de scène. »

On a vu aussi pu voir passer sur les réseaux sociaux en septembre la chanson « Mon cœur est en fête », spécialement composée pour les Petits chanteurs. La vidéo veut montrer toute la couleur que peuvent apporter ces jeunes dans la vie du public trifluvien.

« C’était un projet lié jau 75e anniversaire et qui mettait en valeur essentiellement nos plus jeunes enfants. C’était intéressant de les confronter à une expérience professionnelle d’enregistrement en studio et du tournage d’un vidéoclip par une équipe professionnelle. Ç’a été une super aventure que ces enfants-là ont vécue avec une chanson très simple, très entraînante et qui reflète cette image de l’enfance. »

Ces exemples illustrent bien la variété des répertoires abordés par les Petits chanteurs.

« Une chanson pop qui vient d’être créée, de l’opéra, du chant classique avec orchestre, du chant traditionnel. Voilà notre mission d’éducateur. Il y a 1500 ans de musique écrite pour les enfants. Je ne vais pas m’en tenir à juste une petite période. »

Maintenant que le rythme effréné de son arrivée est passé, le directeur peut envisager une nouvelle année qui n’en demeure pas moins riche en défis.

« Avec un chœur d’enfant, on est toujours sur une forme d’instabilité. Vous avez un chœur qui est installé, qui marche bien, oui, mais les enfants, ils grandissent, la voix change extrêmement vite. Donc, on est en perpétuel recommencement, en perpétuelle recherche de nouveaux choristes. »

Les jeunes talents peuvent intégrer les Petits chanteurs de Trois-Rivières pratiquement en tout temps.

« Et l’autre défi c’est de montrer à la population qu’on est bien là, parce que pendant deux ou trois ans il n’y a plus eu du tout de concert. Il y a une forme de rendez-vous avec la population de Trois-Rivières et sa région qui a été un petit peu brisée et c’est normal puisque nous n’étions plus là. Là, oui, nous sommes bien là. On était en concert début septembre, mi-octobre et mi-décembre. Chaque fois avec des programmes différents. C’est une activité très intense. Nous proposons ces rendez-vous à la population avec des extraits de très grande qualité. J’ai vraiment à cœur de montrer à quel point les enfants peuvent faire un travail tout à fait professionnel. On a un public qui est fidèle, mais je veux encore l’élargir beaucoup. Il faut que ce soit un véritable événement chaque fois que les enfants sont là. »