Avez-vous des fantasmes sexuels normaux?

SEXUALITÉ. Professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Christian Joyal a mené une étude démontrant que 57 % de la population aurait des fantasmes sexuels anormaux.

La plus récente édition du Manuel diagnostique des troubles mentaux (DSM-5) de l’Association américaine de psychiatrie introduit une nouvelle définition des intérêts sexuels déviants. En se basant sur cette définition, plus de la moitié de la population aurait des intérêts sexuels normaux.

Avec son étude, M. Joyal a voulu remettre en question la définition de ce qui est normal et de ce qui ne l’est pas. Il a donc sondé les déviants sexuels sur leurs fantasmes. Il a répété l’exercice auprès de la population générale à l’aide d’un sondage en ligne. Ce sont 1 500 personnes qui ont participé à l’étude.

«Dans notre société, on a déjà classé la pédophilie, l’exhibitionnisme et autres déviances comme des choses anormales. C’est criminel, c’est anormal. On ne se pose pas la question. Mais que dire des fantasmes de fétichisme et de domination?»

«Dans les écrits scientifiques en psychiatrie, la définition de la normalité est basée sur la religion, sur ce qui permet de procréer, ajoute le professeur. C’est pour ça que l’homosexualité était illégale il y a quelques années.» Les résultats de la recherche démontrent donc que l’on ne peut pas dire que certains fantasmes sont anormaux. Autrement, 57 % de la population serait anormale.

Comparer les pays

De cette étude découle un projet encore plus grand : un sondage à travers le monde. «On va commencer au mois de janvier pour voir les différences culturelles entre les pays, indique M. Joyal. On va voir selon la culture et selon les époques. À ce jour, on travaille avec la Finlande, la Suède, la France, l’Italie, le Brésil, le Japon et les États-Unis. On veut voir jusqu’où vont les différences sexuelles. Par exemple, le sexe anal est très répandu au Brésil alors qu’il n’y en a pratiquement pas en Angleterre.»

Des données surprenantes

Parmi les répondants du sondage en ligne, un groupe d’environ 225 femmes ont répondu qu’un de leurs fantasmes sexuels portait sur la domination et/ou la soumission.

«Aussi, 90 % des filles ont écrit que leur fantasme était de se faire prendre par un inconnu, mais qu’elles ne voulaient surtout pas que ça arrive en réalité. Ça reste un fantasme. Les gars, eux, quand ils ont un fantasme, ils ont le souhait que ça se réalise», compare le professeur.

Pour accéder à la publication en ligne de l’étude dans le journal Sexual Medicine: http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/sm2.96/full

Cours en ligne sur les déviances

M. Joyal offrira un nouveau cours en ligne intitulé Déviances et agressions sexuelles (SEX-1006), au trimestre d’hiver 2016. Le cours est ouvert à tous et il débutera en janvier. Voici le lien direct : https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/pls/public/couw001?owa_sigle=SEX1006&owa_type=P&owa_apercu=N&owa_aff_pgm=7802

Conférence sur la normalité des comportements sexuels

Les personnes intéressées aux résultats de la plus récente étude du professeur Joyal, portant sur la normalité des comportements sexuels, sont invitées à une conférence qui se tiendra le mardi 24 novembre, de 19h à 20h30, à la salle Rodolphe-Mathieu (2063, pavillon Michel-Sarrazin) de l’UQTR.

À propos de Christian Joyal

Docteur en neuropsychologie et chercheur à l’Institut Philippe-Pinel de Montréal, les travaux de Christian Joyal portent notamment sur la neurobiologie de la pédophilie.