Apprivoiser son trouble bipolaire

TÉMOIGNAGE. Louis Vigneault a 59 ans. Il vit avec une maladie mentale : le trouble de l’humeur bipolaire.

C’est seulement à l’âge de 50 ans qu’il a été diagnostiqué. «Pendant de nombreuses années, j’avais des sauts d’humeur, raconte-t-il. Parfois, je me sentais invincible, très intelligent et supérieur. D’autres fois, au contraire, je me sentais vulnérable, renfermé et inférieur. Ça pouvait être dans la même journée ou ça pouvait durer des semaines et des mois.»

«Pour essayer de stabiliser ces troubles, j’ai développé d’autres maladies appelées troubles concomitants, poursuit M. Vigneault. Ce sont des troubles souvent reliés aux maladies mentales. Aujourd’hui, je vis aussi avec l’alcoolisme, la toxicomanie et le jeu compulsif. Pour le trouble bipolaire, j’ai des médicaments à prendre pour le reste de mes jours. Pour le reste, j’ai aussi un médicament à prendre. Ça s’appelle l’abstinence.»

Voilà maintenant cinq ans que Louis Vigneault est abstinent. Ce dernier divise en trois phases la gamme d’émotions qu’il a traversées lorsqu’il a reçu son diagnostic de maladie mentale.

«La première phase, le choc est aussi violent physiquement que psychologiquement. La deuxième phase fait en sorte qu’on se souvient de tous les événements et les situations extrêmes. Ça nous revient en pleine face et on voudrait oublier parce que les remords, la honte et la culpabilité y sont rattachés.»

Retour à la réalité

La troisième phase est la prise de conscience, la connexion avec la réalité. «Quand j’ai repris contact avec «Quand j’ai repris contact avec la réalité, en octobre 2009, j’ai tenté de me suicider, confie Louis Vigneault. J’ai ensuite passé plusieurs jours à l’urgence et un mois à l’aile psychiatrique.»

De retour chez lui, il s’est isolé et les idées suicidaires étaient encore présentes. Il a alors décidé de demander de l’aide. «On m’a parlé du centre Le Traversier de Trois-Rivières. Fréquenter cet endroit a été pour moi une grande révélation.»

Grâce à cela, il est désormais en mesure d’offrir des conférences sur la santé mentale pour des étudiants au DEP et de niveau collégial.