Aleris : Trois-Rivières prend «le taureau par les cornes»

TROIS-RIVIÈRES. Huit ans plus tard, l’ancienne usine désaffectée Aleris est toujours là, maintenue debout par un bras de fer judiciaire qui n’en finit plus de s’étirer. Exaspérée par la situation, la Ville de Trois-Rivières presse le gouvernement de prendre ses responsabilités et de procéder une bonne fois pour toutes à la décontamination du site.

En séance du conseil municipal, lundi soir, les élus municipaux ont adopté une résolution visant à «faire des pressions» auprès du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques afin qu’il procède à la réhabilitation du terrain situé au 290, rue Saint-Laurent, dans le secteur Cap-de-la-Madeleine.

«On est tanné! Depuis 2009 que ce dossier est à la traîne», s’est impatienté le maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque. Ce dernier affirme qu’il est temps de jeter à terre la bâtisse et d’enfin envisager la suite des choses.

L’administration municipale n’a d’ailleurs pas caché son désir de voir un projet de développement résidentiel à cet endroit situé à proximité d’écoles et de commerces. Mais tant et aussi longtemps que le site ne sera pas décontaminé, aucun nouveau développement ne pourra sortir de terre sur ce terrain.

À ce jour, l’actuel propriétaire des lieux, l’Américain Tim Martinez, doit un peu plus de 780 000 $ en taxes municipales impayés. «Ce qu’on dit au gouvernement, c’est de décontaminer le terrain et les bâtiments. En échange, nous sommes prêts à laisser tomber les 780 000 $ et à récupérer le terrain pour non-paiement de taxes», a proposé Yves Lévesque.

Depuis la faillite de l’entreprise, souligne-t-il, Québec a dépensé plus d’une dizaine de millions de dollars en poursuites judiciaires et en frais de surveillance, puisque le site représente un risque pour la population.

Un peu plus de 24 000 litres d’hydrocarbures se sont infiltrés dans l’eau, sous l’ancienne usine Aleris. Le gouvernement est lui-même en partie responsable de ce désastre écologique par le biais de l’ancienne Société Générale de financement, a accusé le maire Yves Lévesque, en marge du conseil municipal.
Le «bras du gouvernement», devenu Investissement Québec, a été actionnaire de l’usine par le passé. Et selon Yves Lévesque, la société était bien au fait de la contamination du terrain et a donc responsabilité d’agir. Il en est de même pour les anciens propriétaires, notamment la Société québécoise de transformation de l’aluminium ainsi que la compagnie Alcoa.

«À un moment donné, ils ont un rôle légal et moral à jouer, croit le maire de Trois-Rivières. D’autant plus qu’Alcoa a reconnu sa responsabilité dans la contamination du sol.»

Ce dernier déplore aussi la vente des équipements de l’usine pour 12,5 millions de dollars. «Le gouvernement aurait facilement pu émettre une ordonnance afin de bloquer la sortie de ces équipements le temps qu’un plan de réhabilitation soit mis en place. À la place, ils ont laissé partir la seule chose qui avait une valeur monétaire,»

«Le gouvernement a eu l’occasion d’intervenir à mainte reprise. Là, c’est assez!», a-t-il martelé.