Aleris : Québec force les propriétaires à décontaminer

ALERIS. Un peu plus de 24 heures après la sortie de la Ville de Trois-Rivières, le ministère de l’Environnement a déposé une ordonnance afin d’obliger un ancien actionnaire et le propriétaire actuel de l’usine désaffectée Aleris à procéder à la réhabilitation du terrain de la rue Saint-Laurent.

Des documents juridiques ont été envoyés par huissier, mercredi matin, à Gestion Alcoa ainsi qu’à la compagnie Corporation de développement TR, dirigée par l’Américain Tim Martinez.

On leur demande de procéder à la décontamination du terrain du secteur Cap-de-la-Madeleine abandonné depuis 2009. Un peu plus de 24 000 litres d’hydrocarbures se sont infiltrés dans l’eau souterraine.

Pas plus tard que lundi soir, le conseil municipal de Trois-Rivières avait adopté une résolution à «faire des pressions» sur le gouvernement afin de voir enfin aboutir ce dossier qui traîne depuis plus de huit ans.

Mercredi après-midi, le maire Yves Lévesque s’est dit soulagé de voir que le dossier était pris au sérieux. «J’espère que cette ordonnance va ajouter du bois dans la balance afin de faire en sorte que ça bouge rapidement», a-t-il déclaré.

Ce dernier espère toutefois que cette ordonnance n’ait pas pour unique but de «donner une bonne image au gouvernement». Il fait remarquer que depuis la faillite de l’entreprise, le gouvernement a dépensé des dizaines de millions de dollars en poursuites judiciaires et en frais de surveillance sur le site.

De l’argent qui aurait pu servir à la décontamination du terrain évalué à tout près de 15 millions de dollars. «Si on attend encore, l’argent déboursé pour maintenir le site atteindra les 15 millions de dollars, soit autant qu’il en faut pour régler le dossier», a déploré Yves Lévesque.

Il rappelle que le gouvernement a eu l’occasion d’intervenir à mainte reprise déjà, notamment en bloquant la vente des équipements de l’usine, la seule chose qui avait une valeur monétaire, pour ainsi garder des garanties monétaires. Ils ont été revendus pour 12,5 millions de dollars à un investisseur qui a pu en retirer le double.

Québec a plutôt entamé des poursuites judiciaires contre l’actuel propriétaire du site, Tim Martinez, qui a racheté le site après la faillite d’Aleris. «Mais on sait qu’il n’a pas d’argent», a mentionné le maire Lévesque. Martinez doit déjà un peu plus de 780 000 $ en taxes municipales impayés à la Ville. «De plus, il n’a rien à voir avec la contamination du site», a-t-il ajouté.

Les acteurs visés par l’ordonnance ont dix jours pour la contester, s’il le souhaite. «Ce serait toutefois un peu gênant pour Alcoa puisque l’entreprise a exploité l’usine de 1945 à 1997. Ils ont profité des fruits de l’opération», a déclaré le maire Yves Lévesque.