Aleris: le ministère de l’Environnement décontaminera le terrain

ENVIRONNEMENT. Le site de l’ancienne usine Aleris sera enfin décontaminé. C’est le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques qui réalisera les travaux de réhabilitation du site.

C’est une superficie totale de 64 655 mètres carrées qui est touchée par une contamination essentiellement constituée d’hydrocarbures et de métaux. Le volume des sols contaminés représente 58 000 mètres cubes. Les eaux souterraines ont aussi été contaminées, mais le ministère est intervenu pour éviter la migration de cette contamination hors du site.

Difficile de prévoir, pour l’instant, le coût total des travaux de décontamination, puisque l’on doit d’abord attendre les résultats du rapport de la phase 3 de la caractérisation du terrain. Cela permettra de mieux déterminer les méthodes de réhabilitation qui devront être utilisées et de préciser les différents degrés de contamination du site.

«C’est indéniable que le site est contaminé. Le ministère prend en charge l’entièreté de la décontamination. Peu importe le prix, on va décontaminer. Dans la phase 2 de la caractérisation, on parlait d’environ 20 millions $, mais il reste encore des études à faire. Le site sera décontaminé en fonction du zonage», indique Pierre Michel Auger, député de la circonscription de Champlain.

Aleris

Les travaux ont déjà débuté pour préparer la publication de l’appel d’offres qui se fera vers la fin du mois de mai. En juillet, Québec octroiera le contrat pour la caractérisation de la phase 3 dont le rapport devrait être livré à l’automne.

Au début de l’hiver 2019, selon les conclusions de la caractérisation, le ministère procèdera au choix et à l’élaboration d’un scénario de réhabilitation et préparera les appels d’offres en lien avec ces travaux.

«Les travaux de démolition devraient donc se faire d’ici un an. On croit que ça prendra environ trois ans pour mener l’opération complète de décontamination», note M. Auger.

Des recours envisagés

Le gouvernement n’exclut pas d’entamer un recours en vue de se faire rembourser les 10 millions $ engagés depuis 2011 pour l’entretien du terrain, ainsi que montants qui seront déboursés pour la réhabilitation.

«Je continue à croire que le principe du pollueur-payeur doit s’appliquer dans ce dossier comme dans les autres dossiers du même genre. Des démarches auront donc lieu pour que ceux qui ont pollué ce site en payent le prix», souligne M. Auger.

Depuis 2011, le ministère assure notamment le fonctionnement du réseau de pièges hydrauliques en plus de réaliser un suivi environnemental pour contrer la migration d’une phase libre d’hydrocarbures.

Au fil des années, des matières dangereuses présentes sur le site ont été éliminées, des bâtiments ont été décontaminés et des résidus présents sur le terrain ont été enlevés.

«Tourner la page collectivement»

Cette annonce met un terme à une saga de longue haleine qui perdure depuis la fermeture de l’usine en 2008.

«Je remercie ma collègue et ministre Isabelle Melançon d’avoir accepté que son ministère prenne en charge les travaux importants qu’il reste à faire. Ainsi, nous pourrons enfin faire revivre le site, ce qui nous permettra de tourner la page collectivement», commente Pierre Michel Auger, député de la circonscription de Champlain.

Il en avait d’ailleurs fait l’un de ses dossiers prioritaires avec le Centre Cloutier-du Rivage.

«C’est un dossier qui me tient à cœur depuis un certain temps. On m’interpellait souvent sur ce dossier. À l’été 2008, j’habitais dans la maison en face de l’usine. J’ai vécu ce qui a entouré sa fermeture de jour comme de nuit», raconte-t-il.

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Une deuxième vie pour le terrain

«Enfin! Enfin! Enfin!» s’est exclamé le maire Yves Lévesque à l’annonce de la prise en charge de la décontamination du site de l’ancienne usine Aleris par le gouvernement du Québec.

«Ce terrain est un défi colossal. C’est un site industriel en milieu urbain et desservis par tous les services. Il a fait vivre le secteur pendant des années. Ce site a un incroyable potentiel de développement», ajoute-t-il.

Le maire Lévesque souhaiterait y voir un développement domiciliaire de 350 unités au minimum, de sorte à y accueillir plus de 1000 personnes. Il vise plus précisément des maisons abordables destinées aux premiers acheteurs.

«L’idée est aussi de garder des espaces verts avec des parcs. On veut y faire du développement durable. Ce sont des gens qui vont habiter et faire vivre le secteur et les commerces. De notre côté, la prochaine étape est de rapidement procéder au changement de zonage pour décréter que ce site industriel devient résidentiel», précise M. Lévesque qui voir la construction de ces maisons débuter d’ici quatre ou cinq ans.

Vue aérienne par satellite

Évidemment, les conseillers municipaux des districts des Estacades et de la Madeleine, Pierre-Luc Fortin et Sabrina Roy, étaient particulièrement heureux de l’annonce de la décontamination du terrain. Il faut dire qu’ils s’en sont fait beaucoup parler durant leur porte-à-porte lors de la campagne électorale de l’automne dernier.

«Ça fait tellement longtemps qu’on attend et qu’on espère ça! C’est un endroit qui pèse beaucoup sur le moral des citoyens. On voit cet endroit au quotidien. Je pense qu’il faut envoyer un message à l’égard de ces entreprises internationales qui viennent faire de l’argent ici et qui quittent en laissant un endroit pollué et dans un état épouvantable. Ce sont les citoyens qui doivent supporter ça», commente M. Fortin.

«Ce terrain a énormément de potentiel pour du résidentiel, poursuit sa collègue Sabrina Roy. Ça peut permettre de revitaliser tout le secteur. On a besoin d’un petit coup de neuf ici. On me parlait beaucoup de l’état de ce site. En fait, ça se parle à la grandeur du Cap-de-la-Madeleine. Un nouveau développement résidentiel ici pourrait donner une deuxième vie aux écoles, aux commerces aux alentours, ainsi qu’au boul. Sainte-Madeleine et à la rue Fusey.»

«C’est un terrain très bien situé et immense. Personnellement, j’ai hâte de voir le début de la démolition!» conclut M. Fortin.