Aider sans sombrer: le combat de Jasmine Abran

TÉMOIGNAGE. Jasmine Abran a accompagné pendant plusieurs années son mari et son fils atteints de troubles bipolaires. Plus la maladie progressait, plus elle s’isolait et plus elle sombrait. C’est grâce à l’organisme La Lanterne qu’elle a su se relever.

«En 1983, après une profonde dépression, mon mari a reçu un diagnostic de psychose maniaco-dépressive, raconte-t-elle. Aujourd’hui, on appelle ça troubles bipolaires. Les années ont passé et un de nos enfants a reçu le même diagnostic. Les hospitalisations se sont succédé. Avec le temps, la maladie a progressé. Les dépressions majeures sévères, l’anxiété et les tentatives de suicide se sont multipliées.»

«Pour moi, l’isolement s’est installé, poursuit Mme Abran. Je ne voulais pas embêter les proches et les amis qui sont souvent inconfortables avec ce genre de situation. Je devais prendre les décisions, prévoir, planifier, gérer la médication et bien plus encore. L’épuisement s’est installé. Je me sentais dépassée et la culpabilité me rongeait. J’étais laissée à moi-même et je me suis sentie sombrer.»

Puis, quelqu’un lui a parlé d’organismes qui pouvaient l’aider. Mme Abran a donc cogné à la porte de l’organisme trifluvien La Lanterne. Ce qu’elle recherchait, c’était du répit, du soutien émotionnel et du réconfort moral.

«J’étais à la bonne place, dit-elle sans hésiter. Ils m’ont aidé à briser l’isolement et m’ont accompagnée dans ma démarche de reconstruction. Sans leur soutien essentiel, je me serais rendue au bout de moi-même. Grâce à l’aide que j’ai reçue, j’apprends à prendre soin de moi si je veux continuer d’aider mes personnes malades que j’aime profondément.»

Reprendre goût à la vie

L’aide reçue lui a redonné goût à la vie. Encore aujourd’hui, on lui apprend à jouer pleinement son rôle d’accompagnatrice, à développer ses capacités à réussir sa vie, à mieux vivre son quotidien et à se développer positivement.

«Aujourd’hui, je me sens redevable à l’organisme. J’ai choisi de m’impliquer au sein du conseil d’administration afin de redonner au suivant. C’est notre devoir à tous de maintenir ces organismes de soutien en vie. Sinon, qui prendra soin de nous? Certainement pas un système de santé qui n’arrive même plus à répondre adéquatement aux besoins de nos personnes malades», conclut-elle.