Agrile du frêne : «le secret est dans le champignon»

ENVIRONNEMENT. Le meilleur allié dans la lutte à l’agrile du frêne ne serait rien de moins qu’un champignon. Depuis un an, la firme trifluvienne GDG Environnement teste cette méthode naturelle pour contrôler l’insecte ravageur. Et les résultats sont promoteurs !

Mi-juin. La saison des amours s’amorce chez l’agrile du frêne, alors que la lutte s’organise. Ce printemps, l’entreprise qui se spécialise dans le contrôle biologique des insectes a installé des pièges dans la cime des arbres d’une dizaine de municipalités infectées du Québec et de l’Ontario.
La guerre est déclarée, a confirmé l’ingénieur forestier chez GDG Environnement, Réjean Bergevin. «Durant la période des amours, l’agrile se regroupe dans le haut des arbres où sont installés les pièges. Leur couleur verte a justement été pensée afin de leurrer l’insecte», explique-t-il.

Aussitôt qu’il pénètre dans le piège, l’insecte venu d’Asie tombe dans une poudre à base d’un champignon bien spécial, le Beauvaria bassiana. L’insecte peut se libérer, mais ses jours sont comptés. «Il meurt dans les quatre jours suivant la contamination. Entre-temps, il va infecter d’autres de ses congénères lors de la reproduction», ajoute M. Bergevin.

La femelle peut pondre entre 100 et 300 œufs. Ceux-ci se transforment ensuite en larves vert métallique. Mais sous ces beaux habites, se cache un ravageur de frênes, prévient l’ingénieur forestier.

«L’agrile est si agressif dans sa ponte qu’il fait rapidement mourir les arbres. C’est foudroyant!», renchérit-il. D’où l’importance d’agir.

Rétablir l’équilibre

Le hic lorsqu’un insecte exotique arrive ici, c’est qu’il n’a pas d’ennemis naturels pour lui mettre des bâtons dans les roues. «C’est à dire qu’il n’y a pas de parasites et de maladies pour instaurer un équilibre. L’agrile peut donc se développer à l’infini», raconte M. Bergevin.

Serait-il possible d’éliminer complètement les populations d’agrile? La réponse est non. Il n’existe pas de solution miracle pour s’en débarrasser. Le projet de recherche pourrait toutefois permettre de contrôler ses populations et même de freiner l’épidémie en Amérique du Nord.

C’est un groupe de chercheurs de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et de Ressources naturelles Canada qui a récemment découvert le champignon capable de tuer la «bibitte».

«Enfin, un élément naturel de notre environnement qui peut venir possiblement contrôler l’épidémie», a lancé Réjean Bergevin. Mais il reste encore beaucoup de travail.

Pour l’instant, ils sont encore à peaufiner le piège biologique. GDG Environnement s’occupe de tester le dispositif sur le terrain en vue d’obtenir l’homologation du produit. Une fois celle-ci décernée –d’ici deux ans– l’entreprise trifluvienne obtiendra les droits de commercialisation.

Il y en aura d’autres…

L’agrile du frêne, la carpe asiatique et bientôt le longicorne asiatique. Plusieurs espèces exotiques envahissantes ont réussi à s’établir dans la province et elles sont souvent une source de problèmes.

Et il va y en avoir d’autres, confirme l’ingénieur forestier Réjean Bergevin. «L’échange gargantuesque de biens et de services avec l’étranger favorise leur introduction. La planète est devenue comme un grand village», illustre-t-il.

Il croit cependant que les villes seront de plus en plus outillées pour faire face à la menace. Bien que destructrice, la crise de l’agrile du frêne aura entrainé une plus grande préoccupation écologique. «Avant l’arrivée de l’insecte venu d’Asie, les municipalités ne savaient même pas quels types d’arbres se trouvaient sur leur territoire», souligne M. Bergevin.

Aujourd’hui, la plupart des municipalités québécoises se sont munies d’un plan d’action et de prévention pour faire face à l’agrile du frêne. 

La suite du dossier : L’agrile du frêne cogne aux portes de Trois-Rivières

 

DES MOUSTIQUES À LA TONNE

Vous avez l’impression que les moustiques, les mouches noires et autres insectes piqueurs sont plus nombreux qu’à l’habitude cette année? C’est bel et bien le cas. Les scientifiques prévoient même une année record.

La crue des eaux qu’a connue le Québec cette année a favorisé leur prolifération. Les moustiques pondent leurs œufs sous l’eau stagnante. Et les inondations ont justement laissé des mares sur les berges, créant ainsi un milieu propice à la reproduction des moustiques. La période estivale s’annonce bien piquante !

La Ville de Trois-Rivières a d’ailleurs mandaté GDG Environnement pour effectuer l’épandage de larvicide biologique, un produit pour diminuer la présence des insectes piqueurs. Il s’agit d’un contrat de 1,1 million de dollars. Les Trifluviens habitant dans les zones visées paient chaque année une taxe spéciale de 37$.