Affaire Dupont: « Les politiciens ne peuvent pas changer une décision qui est judiciaire »

À la suite de la diffusion du documentaire L’affaire Dupont: le combat d’une famille, le directeur de la Police de Trois-Rivières a contacté la Sûreté du Québec (SQ) pour voir si des éléments nouveaux mis en lumière dans le documentaire pouvaient amener la SQ à reconsidérer certains éléments, confie le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche.

Dans le documentaire, on allègue notamment que Dupont aurait été emmené dans un chalet à Champlain où il aurait été séquestré et battu avant d’être assassiné. Lors d’une vérification en 2011, la Sûreté du Québec a affirmé que le chalet n’existait plus en 1969, ce que plusieurs témoins contredisent. Un ancien tenancier de bar, Jean-Pierre Corbin, aurait aussi reçu des confidences de l’ancien policier Lawrence Buckley au début des années 90. Ce dernier aurait vu le lieutenant Jean-Marie Hubert tirer Dupont dans le dos alors qu’il allait monter dans la voiture d’Hubert.

La famille Dupont ne demande pas de rouvrir l’enquête sur les circonstances entourant le décès de Louis-Georges Dupont. Elle souhaite plutôt voir la Ville de Trois-Rivières réhabiliter la mémoire et la dignité du policier et d’être reconnaissant pour ce qu’il a fait.

« La demande qui est faite à la Ville est de reconnaître que Louis-Georges Dupont est mort en service en 1969 et de pouvoir vous rencontrer afin qu’on puisse exposer certains faits. En 54 ans, la Ville n’a rien fait pour commémorer sa mémoire », a témoigné Denis Foucault au nom de la famille Dupont lors de la séance publique du conseil municipal.

Se disant empathique à la situation vécue par la famille depuis toutes ces années, le maire Jean Lamarche a souligné que « la réhabilitation de M. Dupont comme vous le souhaitez ne relève pas du pouvoir politique ou administratif ».

« Les politiciens ne peuvent pas changer une décision qui est judiciaire. On est dans une société de droit. Les politiciens n’ont pas de préséance sur les décisions des juges, note le maire. Ce n’est pas par manque de compassion, loin de là! Cet après-midi, les membres du conseil ont beaucoup parlé de sympathie, de compassion et sont très sensibles à cette cause portée par la famille depuis plus de 50 ans. »

Celui-ci mentionne que la Ville appuie la démarche entamée par la Direction de la police de Trois-Rivières auprès de la Sûreté du Québec. « On veut voir où ça peut mener avec la SQ. »

La réponse du conseil municipal n’a visiblement pas plus à Robert Dupont, fils de Louis-Georges Dupont, qui était présent dans la salle du conseil. « Depuis qu’on se bat avec la Ville, vous avez payé 12 avocats privés. La Ville a laissé faire le bandit qui a tué mon père, affirme-t-il. Quand la police va arrêter de cacher la vérité et dire que mon père a été victime d’un meurtre, on va commencer à s’entendre. »

Le maire a convenu de rencontrer la famille prochainement.

(En collaboration avec Stéphane Laroche)