Il a démoli et reconstruit sa maison planche par planche

PATRIMOINE. La maison ancestrale de Louis Martel, située sur le boulevard Saint-Jean, a une histoire hors du commun. Construite vers 1845, elle était laissée à l’abandon à Saint-Stanislas quand M. Martel l’a trouvée. Aidé par deux de ses frères, il l’a complètement démolie, planche par planche, pour ensuite la reconstruire à Trois-Rivières.  

M. Martel avait à peine 24 ans lorsqu’il a entrepris ce projet. Un travail de moine qu’il a terminé trois ans plus tard. «On avait un terrain à Trois-Rivières et on voulait y vivre, raconte-t-il. En se promenant dans les campagnes aux alentours, on a vu cette maison-là. On a déconstruit la maison pendant l’hiver 1981. On a numéroté chaque pièce de bois et on s’est fait un plan pour être capable de refaire le casse-tête une fois à Trois-Rivières.»

Toutes les pièces ont été déménagées dans un camion. Au printemps, le solage de la maison a été coulé sur le terrain trifluvien qui avait préalablement été défriché et mis au niveau. La reconstruction a ensuite pu débuter.

«Je travaillais sur la maison les soirs après le boulot et les fins de semaine, se souvient Louis Martel. Il a fallu refaire l’isolation de la maison avec des matériaux modernes. On a décapé toutes les couches de peinture sur les planches de bois. On a eu beaucoup de travail à faire pour redonner à la maison son charme d’antan. On a finalement emménagé en 1984.»

Plusieurs composantes anciennes

Cette maison unique fait partie du Répertoire du patrimoine culturel du Québec. Elle a conservé de nombreuses composantes anciennes, dont le plancher, certaines portes et fenêtres et plusieurs éléments décoratifs.

«L’escalier vient d’un manoir à Bécancour, indique M. Martel. Il avait été fait par des artisans de Québec, mais au moment de l’installation, les gens se sont aperçu que les dimensions n’étaient pas bonnes. Un autre escalier a été fait et j’ai acheté celui-là.»

Lors de la démolition de la maison à Saint-Stanislas.

«Les murs de la salle à manger et de la cuisine sont en crépi comme autrefois, ajoute ce dernier. Deux portes viennent d’un couvent de la Rive-Sud. Le foyer et les trois cheminées sur le toit sont faits avec les pierres de l’ancien solage de la maison lorsqu’elle était à Saint-Stanislas. Le ciment était vieux et s’effritait, alors on a récupéré les pierres. On a fait la maçonnerie de la façon traditionnelle pour que ce soit fidèle à l’époque.»

Devant le foyer, une plaque de pierre piquée a été déposée au sol. Cette pierre se trouvait auparavant dans un manoir à Yamachiche. M. Martel l’a récupérée lors de la démolition du manoir en question.

Puisque la pierre était craquée à plusieurs endroits, il l’a mise dans un bain de béton et a refait les joints là où c’était nécessaire. Une baignoire ancienne a même été restaurée.

Une passion pour les vieilles maisons

Pour démolir et reconstruire sa maison comme Louis Martel l’a fait, il faut être débrouillard et habille de ses mains. Mais il faut aussi être passionné.

«On voulait avoir une vieille maison. C’est une passion qu’on a pour le patrimoine bâti. On a élevé trois enfants dans cette maison et elle a même servi de maison modèle pour les gens qui voulaient une demeure comme la nôtre.»

Pendant plusieurs années, M. Martel avait une entreprise avec ses frères. Ils proposaient aux gens de déconstruire une maison ancestrale abandonnée et de la reconstruire pour eux sur un nouveau terrain, exactement comme ils l’ont fait au début des années 80.

«On se promenait dans les campagnes et quand on voyait une maison abandonnée, on allait voir le propriétaire et on s’informait à savoir si elle était à donner ou à vendre», explique M. Martel. Les frères ont fait de belles découvertes en Mauricie, sur la Rive-Sud et dans le coin de Québec.