À 2 M$ d’avoir un vélodrome à Trois-Rivières

VÉLODROME. L’avenir du premier vélodrome intérieur au Québec pourrait bien se jouer dans les prochains mois. Une course contre la montre est engagée entre les villes prétendantes pour trouver le financement nécessaire. Et le temps pédale vite. Qui de Bromont ou de Trois-Rivières franchira en premier la ligne d’arrivée? 

De nombreux projets de vélodrome intérieur au Québec ont été couchés sur papier au fil des années, mais jamais sorti de terre. Montréal, Gatineau, Bromont et la Beauce… Chaque fois, l’espoir renaît, puis s’éteint de nouveau chez les férus de vélo. Mais cette fois-ci, il semblerait que le vélodrome soit plus que jamais à l’ordre du jour.

Il y a un an, Michel Jean a décidé de reprendre le flambeau laissé par d’autres. Le promoteur trifluvien réussira-t-il là où plusieurs ont échoué? Ce dernier persiste: le meilleur endroit pour ériger un centre d’entraînement national de développement en cyclisme, «c’est dans notre cour», en sol trifluvien.

Avec son équipe, le promoteur a passé les derniers mois à doter l’ovale de 250 mètres «d’une structure présentable». Une étude de préfaisabilité réalisée par l’Université du Québec à Trois-Rivières a, entre autres, démontré la viabilité du projet. Michel Jean a également sollicité l’appui d’intervenants régionaux afin de vendre son rêve.

Mais d’ici la première pelletée de terre, il reste encore une étape déterminante à franchir: le financement. Le futur vélodrome nécessiterait un investissement de 8 à 12 millions de $, a estimé le promoteur, un chiffre qui varie selon le concept retenu.

Les sources de financement proviendraient principalement des deux paliers gouvernementaux ainsi que de la Ville de Trois-Rivières. Toujours selon Michel Jean, l’administration municipale a confirmé son appui au projet.  

«La réalité, c’est que nous sommes à deux millions d’avoir un vélodrome, ici, à Trois-Rivières», a affirmé le pilote et l’architecte de l’ambitieux projet. Les deux millions manquant, c’est un investisseur privé intéressé à devenir partenaire dans cette aventure. En échange, les installations porteraient son nom. Les démarches pour trouver l’ingrédient manquant sont en cours, a-t-il révélé, mais le temps pourrait manquer. 

C’est qu’entre temps, le projet de doter d’un toit la piste olympique de Bromont a été relancé. Désormais, il s’agit d’une course à deux. Dans tous les cas, le Trifluvien Michel Jean est convaincu que les cyclistes auront un vélodrome d’ici 2019. Mais lequel des deux projets se réalisera? «Celui qui mettra la main en premier sur les subventions», a déclaré M. Jean.

«Et sans un investisseur privé, on ne peut pas obtenir les subventions. Nous sommes bloqués là. Si ça ne bouge pas au cours des prochains mois, c’est la Ville de Bromont qui va avoir le vélodrome couvert», fait valoir le promoteur trifluvien.

Quant à la possibilité qu’un troisième joueur se présente sur la ligne de départ, soit Montréal, Michel Jean ne s’inquiète pas outre mesure. Un terrain potentiel manque toujours dans ce dossier-ci. 

Subventions

Du côté de Bromont, le projet est tributaire d’une subvention dans le cadre du programme provincial de soutien aux installations sportives et récréatives. Tous les espoirs de voir se réaliser le projet bromontois reposent donc sur Québec. À noter qu’une première demande d’aide financière avait essuyé un refus, en 2012, plaçant le projet sur la glace.

Dans la capitale régionale, souligne le promoteur Michel Jean, les différentes sources de financement possible jouent en faveur d’un vélodrome sur le territoire trifluvien. «En plus de ce programme, nous sommes admissibles au Fonds de diversification économique régionale, ce qui n’est pas le cas de Bromont», a noté Michel Jean. Il fait ici référence au fonds de 200 millions de$ créé pour compenser la fermeture de Gentilly-2. Le promoteur a bon espoir d’obtenir sa part du gâteau, d’autant plus que 116 millions de $ dorment encore dans l’enveloppe dédiée à la Ville de Trois-Rivières.

En ce qui concerne la Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC), elle n’a pas voulu prendre position pour l’heure, mais a accordé son appui moral à tous les projets. «Leur volonté, c’est d’avoir un vélodrome. L’organisation va soutenir le premier qui franchira la ligne d’arrivée», a indiqué M. Jean.

De la place pour deux? 

Les résultats de l’étude de préfaisabilité sont clairs: il existe une très forte demande pour une telle infrastructure dans la province. D’ailleurs, refusant de se bercer d’illusions, Michel Jean a déjà prévu dans son plan d’affaires l’arrivée possible d’un deuxième joueur.

«Ce serait irraisonnable de présenter un projet avec 100% de la clientèle. Le premier vélodrome va bâtir la clientèle des autres installations. D’ici cinq ans ou dix ans, il va y avoir un deuxième au Québec. C’est inévitable! Une fois que le sport va être développé, ça va faire boule de neige», soutient-il.

Il cite en exemple le véritable boom pour les terrains de soccer intérieur que connaît la province depuis une décennie. «Tout cela est parti d’un insensé comme moi qui, un jour, a parlé de construire un terrain intérieur. Aujourd’hui, il y en a plus d’une vingtaine.»

Le Trifluvien bien connu du milieu cyclisme dans la région est donc convaincu qu’un beau jour, les vélodromes connaîtront eux aussi leur boom. «Il y a de la place pour deux, mais le premier vélodrome couvert à voir le jour freinera l’arrivée du suivant pour plusieurs années. Si la région ne réagit pas rapidement, on va passer à côté de quelque chose.»

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