7000 voix contre la transformation du Centre Cloutier-du Rivage
Une pétition signée par 7000 personnes qui s’opposent au projet de transformation du Centre Cloutier-du Rivage en clinique de proximité a été déposée à l’Assemblée nationale ce matin.
C’est principalement la perte du service d’urgence qui inquiète de nombreuses personnes, malgré les tentatives du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec de se faire rassurant.
«Ça montre que les personnes de la Mauricie tiennent à cette urgence et aux services qui y sont donnés. L’urgence doit fermer au cours des prochains jours. Il fallait bouger rapidement. Cette pétition exprime la volonté de la population de maintenir les services qui leur sont donnés à Cloutier-du Rivage. L’idée n’a jamais été de dire que les nouveaux services ne sont pas une bonne chose. C’est plutôt de dire que des services sont en voie d’être perdus», déclare André Fortin, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé et de services sociaux, qui parraine la pétition.
L’infirmière et pétitionnaire Andrée Lanneville a également pris la parole. «Trois-Rivières est la première ville au Canada où l’on retrouve plus de personnes âgées que de jeunes. L’urgence de Trois-Rivières est problématique et ça déborde souvent. Je n’ai rien contre la clinique, mais qu’elle s’ajoute aux services qu’on a déjà», plaide-t-elle.
«Les analyses de laboratoire et de rayon X se font dans une urgence, pas dans une clinique. On ne pourra pas traiter quelqu’un qui arrive avec une douleur thoracique. On n’est pas pour lui dire qu’on va l’envoyer à l’urgence en ambulance au CHRTR parce qu’on ne le traite pas ici! Il faut garder l’urgence. C’est primordial», ajoute Mme Lanneville.
Plus tôt cette semaine, le CIUSSS confiait que les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) n’ont pas encore toutes été embauchées pour combler les postes nécessaires à la future clinique de proximité Cloutier-du Rivage.
À l’heure actuelle, seules deux super-infirmières ont été embauchées sur les cinq postes à pourvoir. Cette situation n’inquiétait pas le CIUSSS outre mesure, affirmant que « d’ici ce temps-là, plusieurs infirmières praticiennes vont mettre l’épaule à la roue».
«Le CIUSSS n’est pas prêt à passer au nouveau modèle de clinique. Le CIUSSS MCQ s’était engagé à ce que toutes les ressources nécessaires soient embauchées d’ici la fin de la semaine», rappelle M. Fortin.
«Il y a une pénurie d’infirmières praticiennes et ça ne fait que commencer, poursuit Mme Lanneville. Il n’y en a pas suffisamment. On nous dit qu’une nouvelle cohorte sortirait en 2021. Ce n’est pas demain la veille et il faudra faire fonctionner cette clinique. C’est approximatif et le discours du CIUSSS change chaque jour. Ils ne pourront pas garder les plages horaires ouvertes au maximum parce qu’il manquera de personnel pour l’opérer.»
Mme Lanneville soutient aussi que les infirmières praticiennes spécialisées pourront voir moins de patients que ce qui est présentement le cas avec l’urgence. Avant la fermeture de soir en juillet, le personnel voyait 420 patients. D’après Andrée Lanneville, ce chiffre chutera à 170. «C’est drastique. C’est dramatique. C’est une grande perte pour la population du Cap-de-la-Madeleine», renchérit-elle.
En déposant cette pétition, les pétitionnaires et le député André Fortin espèrent faire changer le gouvernement d’idée. C’est également le cas de Sol Zanetti, responsable pour Québec solidaire en matière de santé et de services sociaux, qui a déposé une motion pour demander au gouvernement de revenir sur sa décision.
«Depuis des semaines, les gens de Cap-de-la-Madeleine sont inquiets, avec raison. Malgré les craintes soulevées par de nombreux médecins, qui jugent que la fermeture de l’urgence Cloutier-du Rivage va entraîner une perte de services de proximité, le CIUSSS fait la sourde oreille et s’entête à vouloir la transformer en clinique multidisciplinaire, commente M. Zanetti. Pourtant, les médecins sont clairs : le CIUSSS fait fausse route avec ce projet. Aujourd’hui, il est minuit moins une. Malheureusement, les députés caquistes ont refusé de débattre de ma motion.»
«À Trois-Rivières, l’urgence Cloutier-du Rivage est le seul sans rendez-vous ouvert à tous et à toutes. Que va-t-il arriver après demain, quand les gens auront besoin de consulter un médecin en urgence? Ils auront le choix de se rendre à l’hôpital régional de Trois-Rivières, qui est à plus de 20 minutes en voiture, ou de se rendre à un GMF situé à 15 minutes du centre. Qu’on se le dise : cette restructuration va clairement favoriser le système privé subventionné au détriment de notre réseau public», conclut-il.