40 km/h dans les rues locales: Trois-Rivières va de l’avant

TROIS-RIVIÈRES.La Ville de Trois-Rivières va de l’avant dans son intention d’adhérer à la philosophie Vision zéro accident avec morts ou blessés graves dans les rues de la ville. Cela passera notamment par la circulation à une vitesse maximale de 40 km/h dans les rues collectrices et locales.

La Vision zéro accident avec morts ou blessés graves est une approche systémique de sécurité qui implique des mesures strictes pour les routes, les véhicules, la vitesse et les comportements des usagers de la route. Cette approche est reconnue comme celle permettant d’obtenir les meilleurs résultats en matière de sécurité routière par l’Organisation mondiale de la santé.

Ailleurs au pays, des villes comme Montréal Vancouver, Calgary, Toronto, Surrey et Edmonton ont déjà adhéré cette philosophie.

Plusieurs étapes seront mises en œuvre à compter de 2019 dans le cadre de cette vision, à commencer par la réalisation d’une étude prenant la forme d’un audit routier de type systémique. À la suite des résultats de cette étude, la Ville de Trois-Rivières ira de l’avant avec la réalisation d’une guide d’aménagement des rues basé sur cette approche.

La résolution prévoit aussi l’adhésion au programme de radar photo et surveillance aux feux rouges du ministère des Transports du Québec, l’analyse et la sécurisation des passages pour piétons donnant un accès direct aux 28 écoles primaires et aux six écoles secondaires pour les sécuriser, ainsi que de permettre la création de zones de sécurité communautaires sur les rues locales.

La Vision zéro accident avec morts ou blessés graves prévoit aussi la présentation de projets de réfections des artères auprès du Comité sur la circulation et de faire en sorte que les futurs projets de développement domiciliaire soient construits en fonction de cette approche.

Une démarche d’information sera mise en place, notamment par le biais de forums sur la Vision zéro et de consultation sur les modes d’application des différentes mesures proposées. Le but de cette démarche est de permettre aux acteurs du milieu et aux citoyens de s’exprimer, de poser des questions et de bonifier les propositions.

Oui pour le principe, mais…

«Tout le monde s’entend sur le principe d’augmenter le niveau de sécurité, de faire changer le comportement des automobilistes. Là où ça bloque pour certains, c’est l’instauration de la limite de 40 km/h dans les rues résidentielles», précise la mairesse suppléante, Ginette Bellemare.

C’est essentiellement pour cette raison que les conseillers Sabrina Roy, Valérie Renaud-Martin, Michel Cormier et Daniel Cournoyer se sont opposés à la résolution.

La conseillère du district des Carrefours, Valérie Renaud-Martin, estime qu’il faut davantage prendre le temps de bien faire les choses. «On doit faire les choses dans le bon ordre. Je trouve qu’on va trop loin trop vite. Il y a des choses géniales dans l’approche de la Vision zéro et auxquelles j’adhère, mais j’accroche sur la réduction aussi drastique et rapide de la vitesse. N’oublions pas que la voiture est très présente dans la ville», soulève-t-elle.

«J’ai énormément de misère avec la limite de 40 km/h. Dans mon district, je constate que la population a un manque d’intérêt face à ce point. C’est aussi un changement de paradigme majeur. Je demande une consultation publique par quartier avec un plan énumérant les changements qui seront apportés», plaide son collègue du district de Sainte-Marthe, Daniel Cournoyer.

Ce dernier craint également que cette baisse de la vitesse maximale dans les rues résidentielles entraîne un faux sentiment de sécurité.

Même si elle a voté en faveur de la résolution, la conseillère Maryse Bellemare a également émis un bémol concernant la limite de vitesse de 40 km/h, concernant que les études préalables n’ont pas encore été réalisées. «Ces études nous diront peut-être que la limite de vitesse des rues résidentielles locales devraient être de 30 km/h, note-t-elle. J’ai voté pour parce que je crois en la sécurité.»

Du côté de la sécurité des incendies, on craint aussi que cela soit problématique avec le schéma de couverture de risque actuellement en vigueur, les camions de pompier devant respecter la limite de vitesse à travers la ville.

Peu coûteux

Cette mesure phare de la vision, qui serait mise en place au cours de l’année 2019, serait peu coûteuse et facile à implanter, souligne quant à lui Claude Ferron.

Pour le conseiller du secteur de Pointe-du-Lac, François Bélisle, c’est un pas important qui est franchi aujourd’hui, lui qui a fortement insisté pour la mise en place de panneaux de vitesse de 40 km/h dans les rues résidentielles locales.

«C’est une vision. S’il y a des choses à améliorer, on pourra entendre les citoyens lors d’un forum. On va entendre, écouter et si des choses doivent être modulées, on le fera», indique-t-il.

«Je ne conçois pas qu’une rue résidentielle soit à 50 km/h», ajoute Dany Carpentier, conseiller du district de La-Vérendrye, qui rappelle qu’il s’agit d’une résolution d’intention dont l’application se veut graduelle dans le temps.