140 000 postes à combler: Jean Boulet dévoile son plan d’action
Le nombre de postes vacants au Québec a continué d’augmenter dans la dernière année. On a d’ailleurs atteint un record de plus de 140 000 postes vacants dans la province au deuxième trimestre de 2019, soit une hausse comparable de 21% comparativement à la même période en 2018. C’est dans ce contexte que le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, a officiellement lancé son plan d’action pour la main d’œuvre, lundi matin, un plan que le ministre souhaite évolutif au cours des prochains mois.
«D’ordinaire, il y a entre 70 000 et 80 000 emplois vacants. En ce moment, on est submergé par cette rareté de main d’œuvre. Il y a urgence d’agir et chaque région a ses particularités. L’intégration est le défi le plus considérable. Il faut intégrer le bassin de main d’œuvre pas assez représenté, comme les travailleurs expérimentés. Il faut des mesures incitant les entreprises à les intégrer sur le marché du travail», plaide M. Boulet.
Conséquemment, M. Boulet a annoncé une nouvelle mesure de 7 millions $ sur cinq ans destinée aux travailleurs expérimentés. Ce nouveau programme de subvention salariale a pour but de soutenir les entreprises qui embauchent des travailleurs expérimentés à temps partiel. Ainsi, les employeurs pourront obtenir une subvention pouvant atteindre 50% du salaire versé, sans excéder le salaire minimum, pendant un maximum de 52 semaines.
«Les incitatifs fiscaux ne sont pas terminés, rappelle M. Boulet. On travaille à accroître le nombre de mesures pour les travailleurs expérimentés. Il en reste à faire et il y a des besoins nouveaux. Mais il faut aussi des accommodements. Les entreprises doivent aussi comprendre que les travailleurs expérimentés ne veulent peut-être pas faire du temps supplémentaire ou qu’ils voudront peut-être travailler à temps partiel.»
Plus de compétences
Dans la foulée du plan d’action pour la main d’œuvre, deux nouvelles initiatives sont mises en branle: le Chantier des compétences et Objectif productivité.
Le Chantier des compétences est le nouveau cheval de bataille du ministre Boulet. C’est qu’il est ressorti que 53% des Québécois de la population active ont un faible niveau de littératie. En d’autres mots, un peu plus de la moitié des Québécois sur le marché du travail ne serait pas en mesure de bien lire, écrire et de comprendre des calculs.
«Je trouve ça particulièrement préoccupant. Dès le début de mon mandat, j’ai été interpellé par l’importance de la littératie et de la numératie. Il faut se donner un plan de match pour aider les personnes qui ne sont pas capables de lire ce que leur travail requiert ou de bien comprendre des mesures de sécurité. Si on veut être productif et augmenter nos capacités, ça passe par les connaissances de base. En ce sens, la littératie et la numératie sont essentielles», lance Jean Boulet.
Trois domaines en demande
-Technologies de l’information (TI)
-Santé
-Gestion, finances et administration
Le plan d’action prévoit de diffuser de l’information pour encourager les jeunes et les personnes sans emploi à s’orienter vers les métiers et professions d’avenir. Trois secteurs où les besoins de main d’œuvre sont importants, soit les technologies de l’information (TI), la santé et la gestion, les finances et l’administration. La formation continue sera mise de l’avant, tout comme les formations permettant aux travailleurs d’être formés tout en étant rémunérés.
Le plan mettra aussi en œuvre l’initiative Objectif productivité visant à soutenir l’adaptation des milieux de travail, notamment par l’utilisation accrue des nouvelles technologies au sein des entreprises.
Par ailleurs, 22 ressources seront réaffectées à des postes de conseillers aux entreprises dans les bureaux de Services Québec.
Depuis le 4 février dernier, M. Boulet a visité les 17 régions administratives du Québec pour entendre les préoccupations des acteurs du marché du travail devant faire face à la rareté de la main d’œuvre.
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Un plan salué
Plusieurs organisations ont salué les initiatives annoncées dans le cadre de la conclusion de la tournée régionale «La Grande corvée 2.0».
L’Union des municipalités du Québec encourage l’ensemble des gouvernements du Québec et du Canada à redoubler d’ardeur pour aider à pourvoir les postes vacants dans les entreprises québécoises et a commandé une importante étude sur le phénomène de la rareté de la main d’œuvre pour brosser un portrait fidèle de la situation pour les municipalités.
«Parmi les pistes de solutions dégagées, le gouvernement du Québec reprend celles de stimuler la productivité des entreprises, de favoriser le maintien en activité des travailleurs expérimentés et de miser sur la formation de la main-d’œuvre», souligne Alexandre Cusson, président de l’UMQ et maire de Drummondville. Ce dernier a également soumis une nouvelle idée dans le débat: la mise sur pied d’un «fast track» pour l’immigration en région.
Pour le Conseil du patronat du Québec (CPQ), le plan d’action pour la main d’œuvre représente un plan de match qui va dans la bonne direction. L’organisation cite notamment les mesures de l’initiative Objectif productivité qui sont bien reçues par les employeurs.
« La rareté de la main-d’œuvre est un obstacle à l’implantation des nouvelles technologies et nous souhaitons que les mesures annoncées puissent contribuer à soutenir l’adaptation des milieux de travail ainsi que l’accès à la formation nécessaire pour augmenter la productivité. C’est une mesure qui sera très appréciée des employeurs, pour autant que cette formation puisse être déployée en entreprise et permette le recours à des outils de formation innovants, comme l’alternance travail-étude, tel que le CPQ le réclame depuis plusieurs années », affirme Yves-Thomas Dorval, président et chef de la direction du CPQ.
Le CPQ apprécie également le coup de pouce offert aux employeurs par l’investissement de près de 7 millions de dollars sur cinq ans pour un nouveau programme de subvention salariale qui soutiendra les entreprises qui embauchent des travailleurs expérimentés à temps partiel.
830 M$
Investissements prévus en 2019-2020 pour les services publics d’emploi aux individus, auxquels s’ajoutent 137 M$ pour les services aux entreprises.