UQTR: un nouveau laboratoire pour étudier la décomposition des corps

ÉDUCATION. L’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) aura bientôt un laboratoire extérieur permettant d’étudier tous les paramètres de la décomposition du corps humain. Ce site sécurisé de recherches en thanatologie sera situé sur un terrain boisé non loin de l’établissement d’enseignement et devrait être en opération dès l’an prochain.

Il s’agit d’une première au Canada. L’UQTR accueillera même une chercheuse de renommée mondiale, l’Australienne Shari Forbes. Celle-ci mettra à profit son expertise pour démarrer le projet.

«C’est très gros. On a déjà 13 chercheurs d’intégrés au projet et d’autres continuent de manifester leur intérêt», indique Gilles Bronchti du Département d’anatomie de l’UQTR.

Des ingénieurs se joindront au projet, de même que des écologistes, des microbiologistes, des généticiens, des philosophes et des artistes.

«Par exemple, en philosophie, on tentera de comprendre la motivation des gens pour donner leur corps à la science. Sur le plan artistique, on va s’intéresser au rapport avec la mort», mentionne M. Bronchti.

D’autres chercheurs étudieront les microbes et les insectes qui font partie du processus de décomposition du corps. Le projet est né d’une initiative des professeurs Gilles Bronchti et Frank Crispino du programme de criminalistique. Leur idée de base était de combiner anatomie et criminalistique pour faire de l’anthropologie judiciaire.

«Il existe déjà des mariages de ce genre dans d’autres laboratoires à travers le monde, mais nous sommes les premiers à créer ça au Canada parce que nous sommes les seuls à avoir un programme de criminalistique et un programme de dons de corps, soutient M. Bronchti. Ce sera aussi la première fois au monde que ce type de recherches sera fait dans un climat aussi nordique. Ce sera intéressant de voir les différences entre les diverses saisons.»

Déjà des donneurs intéressés

Les corps qui seront utilisés pour les recherches sur le site seront uniquement ceux de personnes qui auront consenti à ce que leur dépouille puisse être utilisée à cette fin. Déjà quelques donneurs se sont montrés intéressés.

«Ce n’est pas un cimetière. C’est un laboratoire extérieur, tient à préciser M. Bronchti. Les corps ne resteront pas là. Le squelette et les restes seront récupérés en totalité, puis incinérés. Les cendres seront remises à la famille, comme c’est le cas pour tous les corps qui sont donnés à l’UQTR.»

Si tout se déroule sans anicroche, les recherches pourraient débuter en 2019. L’emplacement du site en question ne sera pas tenu secret, mais le terrain sera hautement sécurisé.

«On doit encore développer les capteurs et tout le matériel qui permettra d’analyser température, gaz, etc. Il faudra aussi voir si les corps devront être sensiblement pareils ou si on pourra, par exemple, avoir des corps dont le poids est différent», énumère Gilles Bronchti.

Ce dernier ajoute que le modèle développé à Trois-Rivières pourrait être exporté ailleurs au Canada. Des chercheurs issus d’autres provinces canadiennes ont manifesté leur intérêt.

Mentionnons en terminant que le projet a permis à l’UQTR d’obtenir l’une des Chaires de recherche du 150e du Canada et de recevoir une subvention du nouveau programme AUDACE des Fonds de recherche du Québec (FRQ).

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Une grosse pointure à Trois-Rivières

La chercheuse Shari Forbes a monté le programme de criminalistique à Toronto. En Australie, elle a mis sur pied le seul centre hors États-Unis où il y a étude de la décomposition cadavérique. Elle arrivera à Trois-Rivières en août.