Une entreprise de Trois-Rivières perd six travailleurs étrangers et pointe une politique d’Immigration Canada

LTR Location, dont le siège social est établi à Trois-Rivières, a perdu six travailleurs étrangers dans la dernière année. L’entreprise déplore une politique d’Immigration Canada autorisant des travailleurs étrangers à changer d’emploi avant même qu’une décision finale ne soit prise sur leur demande de permis de travail.

L’entreprise reproche au gouvernement que cette politique soit toujours en vigueur, alors qu’elle se voulait temporaire pour permettre aux travailleurs étrangers ayant perdu leur emploi avec la pandémie de COVID-19 de retourner au travail rapidement. L’entreprise demande qu’elle soit révoquée immédiatement. 

« C’est une démarche complexe de faire venir des travailleurs étrangers. On vit une pénurie de mécaniciens et, en voyant arriver la pénurie de main-d’œuvre il y a quatre ans, j’ai regardé quels pays ont des spécialistes en mécanique. Je me suis tourné vers les Philippines puisque beaucoup de mécaniciens diesel et électroniques y sont formés, explique David Guilbert, président de LTR Location.

« Je me suis rendu sur place pour passer des gens en entrevue. C’est un processus d’affichage terriblement long. Entre le moment où j’ai donné le mandat à la firme et le moment où les premiers employés sont arrivés avant la pandémie, cela a pris un an, ajoute-t-il. Ils obtenaient alors un permis de travail de trois ans qui stipule qu’ils doivent travailler au même endroit pour cette période. »

L’avantage de ce processus est que les travailleurs peuvent venir s’installer ici avec leur famille. LTR Location offre un processus de francisation de quatre heures par semaines pour ses travailleurs étrangers. « On a monté de grosses infrastructures comme celle-là pour qu’ils s’installent et restent dans le région à long terme », note M. Guilbert.

Ce dernier a ainsi fait venir une première vague de six travailleurs des Philippines, puis une deuxième quelques mois plus tard. C’est dans cette deuxième vague que plusieurs travailleurs ont quitté grâce à la directive ministérielle entrée en vigueur durant la pandémie.

« Il y a une firme spécifique à Montréal qui les approche pour essayer de les convaincre de quitter. La firme leur parle d’une augmentation de salaire… La directive ministérielle dit que le détenteur d’un permis de travail fermé a le droit de changer d’emploi si l’employeur ne peut pas donner le nombre d’heures de travail inscrit au contrat ou si l’employé est victime de maltraitance, explique-t-il. Actuellement, il n’y a pas de fonctionnaire qui s’assure de la véracité des allégations et les gens peuvent obtenir une autorisation temporaire de changer d’emploi après trois semaines d’emploi. »

Pour LTR Location,cette mésaventure représente des pertes de près de 120 000 $, sans compter le temps nécessaire pour attirer et former la main-d’œuvre. David Guilbert ne peut pas remplacer ces travailleurs du jour au lendemain, car les mécaniciens doivent être spécialisés dans les créneaux d’élévation, l’entreprise louant notamment des systèmes d’élévation et des échafaudages.

« Pour remplacer ces gens, on parle d’un cycle de un à trois ans, puisqu’il faut les spécialiser pendant une année ou deux. La situation a beaucoup d’impact sur nos opérations. Sans mécanicien pour réparer les machines, je ne peux pas les louer. Le recrutement de mécaniciens est difficile. Ça fait 10 ans que je suis en pénurie », témoigne M. Guilbert.

Si le gouvernement fédéral n’abroge pas cette politique, le président de LTR Location tirera un trait sur son expérience de recrutement à l’international: « Je devais aller en chercher une quinzaine d’autres, mais j’ai décidé de mettre mon dossier en attente en septembre dernier. S’il n’y a pas de changement, probablement qu’il faudra mettre un frein à notre croissance ou trouver d’autres stratégies. »

« En plus des pertes financières considérables, la politique du gouvernement fédéral pose un enjeu majeur de rétention de la main-d’œuvre pour plusieurs entrepreneurs qui, comme nous, ont recruté à l’étranger. Il n’est pas normal qu’il soit si facile, avec la complicité du gouvernement, de briser un contrat et de quitter son employeur au profit d’un autre », conclut-il.