Une chocolaterie opérée par des personnes ayant une déficience intellectuelle

CHOCOLATERIE. Ce qui était au début une casserole sur un rond de poêle est maintenant une petite entreprise qui permet d’amasser annuellement plus de 10 000 $ pour financer les activités de l’Association des parents d’enfants handicapés (APEH) de Trois-Rivières. Mais la chocolaterie «Le goût de la différence» est bien plus qu’une source de revenus. C’est aussi un lieu de travail pour onze personnes vivant avec une déficience intellectuelle.  

Depuis plus de 20 ans, l’entreprise créée par l’APEH permet à ces personnes de participer à toutes les étapes de la production, de la fabrication à la vente. «Ils ont tous leur poste, selon leurs habiletés, indique Lyne Sergerie, directrice de l’APEH de Trois-Rivières. Il y en a qui ne sont pas capables de mouler le chocolat, donc ils font les emballages. Ceux dont la dextérité est meilleure font même des chocolats avec des éléments en couleur.»

Parmi les produits les plus populaires, on retrouve les suçons. Dans une journée, les employés de la chocolaterie peuvent en produire jusqu’à 300. Ils sont ensuite vendus à la boutique de l’APEH, au 1900 de la rue Royale, où se trouvent également plusieurs autres créations.

«On a inventé toutes sortes de produits avec le temps. On a essayé plein d’affaires. On fait beaucoup de modèles en trois dimensions, mais contrairement à la plupart des chocolats de ce genre qu’on retrouve dans les magasins, les nôtres ne sont pas creux à l’intérieur. C’est tout simplement parce que c’est un procédé trop compliqué à faire pour eux», explique Mme Sergerie.

Karine Rouette-Hamel avec des créations de la chocolaterie devant le comptoir de la boutique.

La production de ces petites douceurs se fait en plusieurs étapes. Il faut d’abord faire fondre les pastilles de chocolat. «Si c’est du chocolat contenant des Rice Krispies, ils ont des recettes à suivre. Même chose si c’est un chocolat avec une saveur, mentionne Mme Sergerie. Après, ils font le moulage.»

«Quand le chocolat sort du moule, ils nettoient le contour et le bâton avec un pinceau, poursuit cette dernière. Après, ils font les sacs avec une machine à sceller. Ils emballent le chocolat et décorent l’emballage. À la toute fin, c’est l’étiquetage. Ils inscrivent le poids de la pièce.»

La chocolaterie vend également ses produits dans plusieurs commerces et réalise à l’occasion des contrats pour des événements tels que des mariages.

La petite histoire de la chocolaterie

La fabrication de chocolats à l’APEH a commencé par des casseroles sur une cuisinière. À l’époque, c’était une activité ponctuelle initiée par une employée qui aimait offrir ces ateliers. «Il n’y avait pas d’équipement, mais avec le temps, elle s’est aperçue que ça se vendait, alors elle a acheté du matériel, raconte Mme Sergerie. Comme l’organisme ne peut pas faire d’argent, ils avaient installé la chocolaterie à l’Atelier des Vieilles Forges et leur remettaient l’argent des ventes. Ils voulaient seulement donner du travail à des personnes handicapées.»

En 2004, la chocolaterie est arrivée sur la rue Saint-Paul avant de déménager sur la rue Royale. «Quand on est arrivé ici, on a commencé à faire une production plus importante, précise Lyne Sergerie. Ça nous permet de maintenir nos coûts bas à l’Association.»

Les onze personnes qui fabriquent le chocolat ne reçoivent pas de salaire, mais on leur rembourse leurs frais de transport et ils peuvent utiliser tous les services de l’APEH. De plus, tous les produits qu’ils font leur sont vendus à moitié prix.

Le saviez-vous?

Ce sont au moins 12 caisses de 55 kg de chocolat au lait qui sont achetées chaque année pour la chocolaterie. C’est le chocolat le plus vendu.