Un voyage dans le passé… en temps réel

Être au même endroit à deux époques différentes, en temps réel. À première vue, ça peut sembler impossible… et même un peu fou. Et pourtant, c’est exactement ce que nous propose l’entreprise trifluvienne Expertise laser 3D – iSCAN avec son nouveau projet. L’équipe planche sur la réalisation de bornes de simulation de paysages historiques pour les secteurs de la rue des Ursulines et de la vieille prison.

Concrètement, il sera possible de voir, à travers ces bornes, ce à quoi ressemblait la ville de Trois-Rivières au tournant du 19e siècle, à l’endroit précis où l’on se tiendra. C’est donc dire qu’on pourra à la fois avoir la vue du 19e siècle et celle d’aujourd’hui en un simple mouvement de tête.

Richard Lapointe d’Expertise laser 3D – iSCAN.

Pour le moment, le projet comprend l’installation de deux bornes au centre-ville, soit une tout près de l’édifice Capitanal (rue Laviolette) et une dans le secteur des Ursulines. Si tout se déroule comme prévu, elles seront accessibles vers mai-juin 2021.

«Pour le secteur de la vieille prison, ce sera le paysage autour de 1880, indique Richard Lapointe d’Expertise laser 3D – iSCAN. Avant, il y avait là des lieux d’enseignement. Il y avait un cimetière juif et de petites maisons de ferme. On va être capable, via les bornes, de voir la vraie vue qu’il y avait là à cette époque précise. Ce sont des panneaux à 90 degrés, ce qui permet d’avoir une vue vers la prison et une vue vers les anciens collèges.»

«L’autre borne donnera une vue sur le début du site des Ursulines et une vue sur St. James telle qu’elle était à l’époque avec la palissade et tout ça», ajoute M. Lapointe. Il y a également un volet interactif au projet avec l’ajout d’un code QR sur les bornes. Celui-ci dirigera les gens vers une vue panoramique 360 degrés. Ce volet est réalisé en partenariat avec CultureGo de Shawinigan.

«Sur les panneaux, on mettra des infos au sujet des paysages d’autrefois, renchérit M. Lapointe. Ce qu’on veut, c’est de rendre le projet accessible à distance via des applications et de créer un événement à deux niveaux : physique pour les bornes et virtuel pour les téléphones et tablettes. On va aussi travailler avec une entreprise pour que les gens puissent voir les paysages en réalité virtuelle, avec des casques. Ça permettrait, entre autres, de faire des visites sans être vraiment sur place.»

La genèse du projet

L’idée de ce projet vient du travail réalisé par l’équipe d’Expertise laser 3D – iSCAN pour le Musée des Ursulines. «Il y a quelques années, on a travaillé en collaboration avec des archéologues qui faisaient des fouilles dans la cour du musée, raconte M. Lapointe. On a commencé à faire des scans 3D et, avant de partir, les sœurs nous ont donné un mandat pour documenter l’intérieur du bâtiment.»

«On a donc fait le relevé de la maison et on a monté une application en 2017 pour faire des simulations dans le temps de l’évolution du site des Ursulines, poursuit M. Lapointe. On a utilisé des études architecturales et des scans 3D. On a fait une première version de l’évolution du site des Ursulines dans le temps, sur une vingtaine de périodes, et on a intégré des vues panoramiques 360 de l’intérieur des bâtiments, ce qui permet de faire des visites virtuelles.»

Dans les moindres détails

Pour le projet des bornes de simulation de paysages historiques, M. Lapointe et son équipe ont repris les maquettes conçues auparavant en les mettant dans un moteur de jeu vidéo, ce qui permet de faire des vues panoramiques 360 de l’environnement de Trois-Rivières.

«C’est énormément de travail, admet M. Lapointe. Au départ, on fait de la numérisation 3D des bâtiments. On a numérisé le site des Ursulines et le site de la prison. Après, on reconstitue en trois dimensions avec des outils d’architecture. C’est de la modélisation 3D d’architecture. Après, on a besoin de savoir comment ç’a évolué dans le temps. C’est donc des recherches d’archives, de photos aériennes anciennes, etc.»

Cela leur demande également de bien comprendre les divers points de vue en fonction des époques pour être en mesure de corréler les sources. Parfois, il arrive qu’en l’espace de quelques années, un élément apparaisse et disparaisse du décor. «Par exemple, au-dessus de la Maison Saint-Joseph des Ursulines, à une certaine époque, il y a de grands paratonnerres, mais ils ne sont là que pendant quelques années», illustre M. Lapointe.

À tout ce travail s’ajoutent les nombreuses heures de travail consacrées à de petits détails comme l’ajout de plantes dans un jardin. L’équipe d’Expertise laser 3D – iSCAN va même jusqu’à changer les textures des plantes afin que celles-ci soient réalistes.