Un site de Bécancour choisi pour étudier la décomposition des corps

RECHERCHE. Si tout se déroule comme prévu, des défunts aboutiront sur un terrain de la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour (SPIPB) dans les prochains mois.

L’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) prévoit y implanter son futur site sécurisé de recherche en thanatologie (SSRT). 

Celui-ci permettra à des scientifiques de divers domaines d’y mener des travaux sur la décomposition du corps humain en conditions naturelles. En parallèle, le projet permettra d’explorer d’autres sujets variés liés à la mort. Ultimement, ces travaux pourraient mener à la création d’un centre de réflexion scientifique de classe mondiale sur la mort.

Selon les prévisions, le site sera en fonction au courant de l’année 2019. Il occupera une superficie de 100 pieds par 100 (ou 600 mètres carrés), en bordure de la rue Louis-Riel. Le terrain ciblé est boisé et se situe dans une zone isolée.

Il est bon de préciser que les installations ne seront pas visibles de la rue et que la zone sera ultra protégée. Des caméras de surveillance et de hautes clôtures solidement ancrées seront notamment installées pour décourager les curieux. D’ailleurs, ceux qui oseront s’y aventurer sans autorisation seront passibles de poursuites judiciaires.

Des carcasses de porcs au préalable

Les premières expérimentations seront menées avec des carcasses de porcs, dans un coin réservé exclusivement à cette fin. On s’en servira pour développer du matériel expérimental et pour déterminer les modalités de fonctionnement du site. Des processus seront mis en place pour s’assurer qu’il n’y aura aucun risque pour la santé ou l’environnement.

Une fois le tout rodé, les premiers corps humains feront leur entrée. Ils seront traités avec le plus grand des respects. À noter qu’ils proviendront tous du programme de Don de corps à la science géré par l’UQTR. Les donateurs et leur famille auront évidemment donné leur accord spécifique à ce genre de projet au préalable.

Les restes des dépouilles ne seront pas enterrés en permanence sur le site. Ils seront récupérés à la fin de la recherche et retournés au laboratoire d’anatomie de l’UQTR pour être ensuite incinérés. Les familles pourront récupérer les cendres si désiré.

Une première au pays

C’est la première installation du genre au Canada. Il en existe ailleurs dans le monde, mais pas dans un climat comme le nôtre. «Ce sera intéressant de voir les différences entre les diverses saisons», indique un des instigateurs du projet, le professeur de chimie, biochimie et physique Frank Crispino.

Le projet a bénéficié d’une subvention Audace de 127 000$ provenant des Fonds de recherche du Québec à l’issue d’un concours favorisant les projets de recherche audacieux et pluridisciplinaires.

Sept professeurs et chercheurs de l’UQTR ont soumis le projet. Cinq autres collaborateurs, dont certains provenant de l’externe, s’y sont greffés.

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Séance d’information

Pour permettre à la population d’en connaître davantage sur le projet, une séance d’information publique aura lieu le 27 novembre prochain à 19h30, au gymnase de l’école Terre-des-Jeunes de Bécancour (8260, rue Cartier. Des représentants de l’UQTR seront sur place pour répondre aux questions. On peut aussi consulter cette liste de questions/réponses.