Un bénévolat «cœur à cœur»

C’est au-delà de 10 000 heures qui sont offertes bénévolement chaque année à la Maison Albatros. L’établissement de soins palliatifs situé à Trois-Rivières peut compter sur la présence de plus d’une centaine de bénévoles, dont celle de Patricia Ouellet. La jeune femme de 26 ans, étudiante à la maîtrise, y offre de son temps depuis maintenant un an. 

Bénévole aux soins, elle accompagne les résidents et leur famille. «C’est un endroit où on a le temps de prendre le temps, d’être attentif à l’autre, témoigne-t-elle. J’aime la relation humaine et son authenticité. En fin de vie, particulièrement, il n’y a plus de temps pour les masques et les filtres. C’est vrai, fort et enrichissant de prendre le temps avec les gens.»

«J’avais fait quelques petits bénévolats avant, mais c’est ma première expérience de bénévolat soutenu, ajoute-t-elle. Quand j’ai commencé, j’ai été frappée de voir tout le personnel travailler ensemble, l’attention portée à l’autre dans tous les petits soins, la chaleur qui s’y dégage. C’est du cœur à cœur.»

C’est d’ailleurs l’une des raisons pourquoi elle aime autant s’impliquer à la Maison. «Je vais toujours garder en tête cette infirmière que j’ai vue prendre le temps de bien placer la jaquette de la dame, de l’abrier avec douceur, amour et tendresse. C’est tellement beau, ce qui se passe ici», confie Patricia.

Dans le cadre de son implication, cette dernière se rend à la Maison presque toutes les semaines pour offrir son aide aux patients. «Je les accompagne dans leur quotidien, explique-t-elle. Ça peut être, par exemple, de les aider dans leurs déplacements. Je viens donner, mais quand je repars, j’ai toujours l’impression d’avoir reçu aussi.»

Un intérêt marqué

Patricia n’est visiblement pas la seule à partager ce sentiment. La réputation de la Maison Albatros est telle qu’il y a une liste d’attente pour suivre la formation préalable au bénévolat. «Généralement, ce sont des personnes qui ont accompagné un proche et qui veulent redonner parce qu’ils savent que ça fait toute la différence d’être accompagné avec douceur dans les derniers moments de sa vie», indique la directrice générale, Julie Colbert.

«C’est plutôt rare qu’on voit des jeunes comme Patricia, poursuit cette dernière. La moyenne d’âge est plus élevée. Mais d’avoir des jeunes comme elle, c’est riche pour la Maison. Elle va un peu devenir une porte-parole de la Maison auprès de ses pairs. Je pense aussi que c’est réconfortant et rassurant pour les employés, les familles et les autres bénévoles de voir cette relève.»

L’implication bénévole, c’est le cœur de la Maison Albatros. C’est à l’origine de sa création et c’est aussi essentiel à sa survie. L’endroit ne pourrait pas exister sans ses bénévoles. «Sans eux, on n’aurait pas les moyens financiers d’avoir tout ça, soutient Mme Colbert. Environ 60 % de nos revenus proviennent de l’État et la balance (40 %), ce sont des dons de la communauté. Si on avait, en plus, 10 000 heures de travail à payer, on n’arriverait pas. On a des bénévoles à l’accueil, aux soins, en cuisine, à la buanderie et pour l’entretien. Chacun fait une différence.»

Saisir le moment présent

C’est en travaillant à la Maison Albatros que Mme Colbert a compris ce que veut dire profiter du moment présent. En poste depuis le mois d’avril, cette découverte l’a fait grandir sur le plan personnel.

«Ici, vivre le moment présent prend tout son sens, affirme-t-elle. On l’entend tellement souvent, mais qu’est-ce que ça veut dire? Pour moi, ce sont ces moments de douceur, de communion entre deux personnes, célébrer le moment présent. Toutes les petites choses de la vie deviennent importantes. Aussi simple que prendre le temps de faire un repas pour quelqu’un qu’on aime. Des choses qu’on croyait banales ne le sont plus. Tout devient plus beau. Il y a plein de choses qui ne sont plus aussi stressantes ni aussi graves.»

Elle s’aperçoit, qu’au fond, le moment présent n’est pas compliqué. Et dans le cadre de ses fonctions, elle veille à ce que chaque personne de passage à la Maison Albatros savoure pleinement les petites douceurs de la vie.

«Quand tu arrives ici, tu viens finir ta route, alors c’est la chasse aux moments de douceur. C’est comme ça que je le vois. C’est une maison de fin de vie, mais on y célèbre la vie. On veut qu’il y ait de la joie, de la douceur, de la paix et reconnaître cette vie qui vient de passer. Ce n’est pas un travail commun et ce n’est pas toujours facile émotionnellement, mais c’est un privilège d’avoir ce travail», conclut Julie Colbert.