Sur les traces de Shawinigan… en France

C’est le nom d’une avenue à Calgary et d’une rue à Laval; d’un navire de la Défense nationale; d’un club de hockey junior; et bien sûr d’une ville de la Mauricie mais jamais nous n’aurions songé à donner le patronyme de Shawinigan à un cheval de compétition en France…

Tout d’abord, l’extrait d’un reportage sur le web nous intrigue: «Le bien né Hell Red, propre frère de Hell Boy, lauréat de la Grande Course de Haies de Compiègne, fait un bel effort final, pour s’emparer de la seconde place, sans pouvoir inquiéter le lauréat. Shawinigan progresse, dans le dos de Monmiral, et prive l’animateur Hirta de la troisième place.»

Mais qui diable a pensé en France à baptiser un cheval du nom d’une ville industrielle québécoise? Voilà qui vaut assurément une enquête.

De race Pur-sang né le 8 février 2017, Shawinigan appartient à l’Écurie Mme Patrick Papot. Située à Rennes, en Bretagne, l’écurie apprend-on est la plus importante en France dans le monde des courses à obstacles avec des gains de plusieurs millions d’euros annuellement.

Sur Facebook, on retrouve rapidement une page dédiée à l’entreprise. Un message et quelques minutes plus tard, l’administrateur de la page me revient en me donnant le numéro de téléphone du propriétaire Xavier Papot avec la mention: «Il est très ouvert à la discussion.»

Une transaction en Irlande…

Le M. Papot en question se montre effectivement très courtois mais ses réponses embrouillent encore plus le mystère de Shawinigan. «Je ne sais pas pourquoi ce nom. Nous l’avons acheté d’une écurie en Irlande», me dit-il en m’invitant à lui revenir si je trouvais la réponse à l’énigme. Pour m’aider dans mon enquête, il me revient un peu plus tard avec l’indice que le cheval provenait à l’origine d’un éleveur français du nom de F. Simon sans toutefois connaître son identité.

Après plusieurs recherches sur le web, je trouve un éleveur du nom de Francis Simon mais ma tentative tourne rapidement court suite à un bref échange sur Messenger: «Non désolé, je ne connais aucun Papot. Cordialement.» Voilà un sujet qui risque de tomber à l’eau me dis-je.

Puis sans trop d’espoir je tombe un jour sur une page où le nom de Shawinigan et de Fabrice Simon sont reliés. BINGO! Merci Google!

Là encore, par la magie de l’Internet, un rapide contact s’établit avec l’éleveur français. «Bonjour M. Lepage, Oui c’est bien moi! Si vous êtes allé sur ma page, vous avez dû voir que j’aime bien votre belle province…» Nous convenons d’un appel Facetime pour qu’enfin l’obscur secret de Shawinigan soit levé.

Le frère de Mont Valin…

En tapant son nom sur Google, on apprend que le résident de Nonant-le-Pin, dans la région de Normandie, est un photographe animalier de renom en France (www.fabricesimon.com), auréolé de plusieurs distinctions internationales.

Jusqu’à récemment, Fabrice Simon partageait son temps entre sa passion pour la photo et l’élevage professionnel de chevaux. «J’ai dû faire naitre environ entre 1500 et 1700 poulains pour mon patron et j’en ai probablement fabriqué plus de 10 000 lorsque les juments venaient à l’insémination aux étalons du haras», me raconte le sympathique bonhomme au bout d’un écran.

En plus de débourrer les poulains, Fabrice Simon avait pour tâche de leur trouver des noms. Grand voyageur pour nourrir sa passion pour la photographie, Fabrice Simon a une prédilection pour le Québec et le grand nord canadien et de toute évidence, ça transparaissait lorsque venait le temps de baptiser les nouveau-nés.

«Shawinigan a une sœur qui s’appelle Péribonka River et deux frères: Mont Valin et Kap Chidley. Ce sont partout des endroits où je suis passé et que j’affectionne parfois particulièrement», poursuit celui qui confirme avoir déjà visité Shawinigan lors de ses passages au Québec. «Je vais bientôt m’installer chez vous de manière permanente. J’ai acheté récemment une maison à Sainte-Monique, au lac Saint-Jean, et je passe parfois par la Mauricie pour m’y rendre.»

Du fameux Shawinigan, Fabrice Simon évoque un jeune cheval talentueux mais qui a encore à apprendre. En deux courses cette saison, celui qui a un oncle nommé Anticosti a accumulé 7300 euros (11 000$) en bourses en terminant 3e et 6e. Avec sa robe de couleur bay colt, le Pur-sang a été acquis en novembre 2017 d’une écurie irlandaise, Charel Park Stud, au coût de 48 000 euros (72 000$).

Fin de l’enquête…

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