Spécialistes en résolution de conflits

Si certains ont tendance à fuir la chicane, c’est loin d’être le cas de Jessie Pelletier et Jessica Brouillette. Intervenantes en médiation citoyenne, elles aident chaque année des dizaines de personnes à résoudre leurs litiges, et ce, tout à fait gratuitement.

Offert par Équijustice Trois-Rivières, le service de médiation citoyenne gagne en popularité depuis trois ans. L’an dernier seulement, c’est plus d’une centaine de cas qui ont fait l’objet d’une médiation.

«Ce qu’on propose, c’est une alternative au système de justice, explique Mme Pelletier. C’est une avenue différente, accessible et complémentaire. Avant, on était principalement connu pour régler des litiges de voisinage, mais on constate que la situation a beaucoup évolué. De plus en plus, les gens viennent nous voir pour toutes sortes de raisons.»

«Par exemple, on a des demandes provenant des écoles, ajoute cette dernière. On a eu un cas, entre autres, où deux jeunes s’intimidaient et voulaient porter plainte l’un contre l’autre. Avec la médiation, on en est venu à régler le problème et aucune plainte n’a été déposée. Et dans un tout autre registre, on a aussi eu une femme a fait appel à nous parce qu’elle s’était faite agressée sexuellement par son frère quand elle était enfant. Elle avait vécu toute sa vie avec ça sans jamais en parler à son frère. Elle voulait qu’on l’accompagne dans sa démarche pour lui en parler.»

Mme Pelletier constate également que les demandes pour des cas de conflits familiaux sont en hausse. S’ajoutent aussi à cela les organismes qui font appel au service de médiation et les citoyens référés par la police de Trois-Rivières.

«La médiation citoyenne, c’est pour tout le monde, peu importe l’âge, précise Mme Brouillette. On n’a pas de critères d’admissibilité. Ça peut être un père et sa fille qui ont des problèmes avec les règlements de la maison ou encore des voisins qui vivent un conflit à cause du bruit. Quand les gens cognent chez nous, on leur dit toujours qu’ils sont à la bonne porte. Et si, toutefois, on ne peut pas les aider, on va les diriger vers les bonnes personnes.»

Une approche distinctive

L’objectif de la médiation citoyenne est d’amener les personnes à échanger. Et les intervenantes ont pour rôle de les accompagner dans ce processus.

«Ce qui nous distingue des autres types de médiation, c’est au niveau de la préparation, soutient Mme Pelletier. On n’a pas dedélais ni de limites. On rencontre d’abord chacune des personnes individuellement. On construit une façon de faire avec elles. Ce sont les personnes qui sont au cœur de toute la démarche, qui vont décider de comment ça va se passer. On les accompagne selon leur rythme en fonction de la situation. Ça peut aussi se faire de diverses façons. Ce n’est pas nécessairement des rencontres en personne. Ça peut aussi être des échanges écrits.»

«C’est très convivial et c’est du sur mesure, renchérit Mme Brouillette. C’est un service volontaire, donc les gens peuvent toujours décider d’annuler la démarche en cours de route. Ça n’engage à rien. C’est moins intimidant aussi.»

Chicanes entre voisins

Même si les demandes sont de plus en plus diversifiées, les litiges entre voisins représentent environ la moitié des cas qui font l’objet d’une médiation citoyenne. «On remarque que le nombre de demandes de ce type varie selon la période de l’année. L’été, on en a beaucoup plus», soutient Mme Pelletier.

Du côté de la police de Trois-Rivières, même son de cloche. Et cette année en est une particulière en raison du confinement. «Si on compare avec l’an dernier, on a reçu, en juin et juillet cette année, 106 appels de plus en lien avec le bruit excessif. Ça représente une moyenne de sept appels par jours plutôt que cinq par jour l’été passé», indique Luc Mongrain, porte-parole de la police de Trois-Rivières.

«Il est question de différentes sources de bruits excessifs, ajoute ce dernier. Il a beaucoup été question de feux d’artifice dans le quartier Sainte-Cécile, mais aussi de musique forte en plein jour, des crissements de pneus, des travaux durant toute la journée dans un quartier résidentiel… Il faut comprendre que dès que le bruit importune le voisinage, c’est un bruit excessif.»

M. Mongrain remarque que les détails du règlement sur le bruit ne sont pas bien connus de tous, ce qui laisse place aux conflits. «On préconise la sensibilisation, de sorte que l’on commence d’abord par donner un avertissement, dit-il. Toutefois, si on doit intervenir de nouveau au même endroit pour la même raison, on donne une contravention.»

Si des villes comme Montréal ont adopté une règlementation empêchant les résidents de tondre la pelouse à l’heure du souper, un tel règlement n’existe pas à Trois-Rivières. La Police de Trois-Rivières recommande cependant aux citoyens de demeurer respectueux de leur voisinage.

En collaboration avec Marie-Ève Alarie.