Traumatisme crânien sévère à 15 ans: «Son âge l’a sauvée»

C’était en 2008. L’accident de VTT a été violent. Jasmine était passagère. Son corps et sa tête ont heurté violemment un arbre, entraînant des dommages importants au haut de son corps. Elle a subi un traumatisme crânien sévère. Elle avait 15 ans.

«Son âge l’a sauvée», lance Josée Gagnon, la mère de Jasmine.

Jasmine a dû être réanimée dans l’ambulance, puis une deuxième fois à l’hôpital. Josée Gagnon se souvient être arrivée à l’hôpital, ne sachant trop l’état dans lequel elle trouverait sa fille. Elle a été amenée dans une petite salle intime où se trouvait aussi un psychologue.

«J’entendais tous les codes possibles pour l’urgence. C’est là que je l’ai vue passer. Elle était conduite pour un scan d’urgence. Je ne l’ai pas reconnue, sauf ses pieds. Son visage était tuméfié et défiguré», raconte-t-elle.

Suite à un accident du genre, une fois que le cerveau est stabilisé, il enfle vers la troisième ou quatrième journée, explique la mère. Durant le processus, le corps de Jasmine a été mis en état d’hypothermie afin que ses organes soient en dormance et que toute son énergie puisse être consacrée pour son cerveau. Cela a porté fruit: son cerveau a fini par désenfler.

Lorsque son cerveau a été stabilisé, Jasmine a pu être opérée. Elle a notamment subi des chirurgies aux bras et essentiellement sur le côté droit de son corps qui avait encaissé de lourds dommages. «Un autre chirurgien s’est occupé de lui refaire le visage. Il a tout refait au niveau des joues, de la mâchoire et du nez, entre autres», précise Josée Gagnon.

Une fois les opérations terminées, l’adolescente a été conduite à la chambre 413.

La chambre 413

Jasmine a été dans le coma pendant quatre mois. Lorsqu’elle s’est réveillée, elle devait tout réapprendre: marcher, parler, lire, écrire, etc.

Au fil des mois et au terme de nombreux efforts, elle a récupéré des acquis. Son entourage l’a aussi fortement stimulée pour qu’elle puisse se développer au maximum de ses capacités.

«Normalement, le cerveau se développe jusqu’à l’âge de 21 ans. Comme elle était jeune, son cerveau a pu se régénérer et continuer de se développer», note Josée Gagnon.

Le jour de sa fête, elle a fait son premier sourire, un petit rictus du côté droit de sa lèvre.

Jasmine et sa mère, Josée Gagnon.

Deux heures

Au quotidien, Jasmine est aujourd’hui très autonome, à quelques légers détails près où le soutien de sa mère est bienvenu. Cependant, elle ne peut pas rester plus de deux heures toute seule.

«C’est sa mémoire à court terme qui est atteinte, souligne Josée Gagnon. Demain, elle ne se souviendra pas que tu es passée. Mais à force de répéter les choses, ça devient de la mémoire à moyen terme et à long terme.»

Jasmine doit aussi recevoir des injections de botox aux bras et aux mains tous les trois mois afin de les détendre. Autrement, ils deviennent très crispés après plusieurs semaines.

Mais sa situation ne l’empêche toutefois pas de s’impliquer sur les plateaux de travail de l’Association des traumatisés crâniaux-cérébraux (TCC) de la Mauricie/Centre-du-Québec, de faire des activités avec des amis et de faire du sport. Avant la pandémie, elle se plaisait aussi à prendre part à la chorale de l’Association.

Mais elle a dû faire quelques deuils, comme de conduire une voiture, mais aussi de la Jasmine d’avant. «Dans ma tête, j’ai encore 15 ans pour des choses. Je m’ennuie de mes amis d’avant. Je m’en vais sur mes 28 ans et je sais que ma vie d’avant n’est plus là.» Elle a toutefois conservé ce sens de l’humour, la répartie et la vivacité d’esprit qu’elle avait aussi adolescente. Elle a aussi accepté de se faire de nouveaux amis.

Josée Gagnon a aussi eu à faire le deuil de sa fille d’avant. «Ils te le disent à l’hôpital : il y avait la Jasmine no 1 et maintenant, c’est la Jasmine no 2. La Jasmine no 1 est morte. Ce n’est plus la même personne, ce n’est pas pareil, raconte-t-elle. Un traumatisme crânien, ça peut arriver à n’importe qui, n’importe quand. Personne n’est à l’abri.»

À la sortie de l’hôpital, on lui avait remis des papiers pour l’informer sur les possibilités de placer sa fille en résidence spécialisée. Mais la famille a préféré la garder à la maison. Il faut dire que la famille immédiate est bien entourée, que ce soit par des voisins et des proches qui levaient la main pour donner un coup de pouce.

Et Jasmine a gardé contact une correspondante de la France qu’elle avait déjà rencontrée lors de ses 12 ans. Elles étaient devenues bonnes amies. «À 20 ans, elle a écrit pour savoir si elle pouvait venir voir Jasmine. Elle est venue durant trois semaines et leur relation était comme avant l’accident. Les filles se sont vues aux deux ans comme ça. La dernière fois, elle m’a dit: «Je retrouve ma copine d’il y a 15 ans», conclut Josée Gagnon.

Chaque année, plus de 2000 personnes sont touchées annuellement par un TCC  modéré ou sévère au Québec. Les deux causes les plus fréquentes sont les chutes et les accidents de la route.