Regard sur l’évolution économique de Trois-Rivières

Dans le cadre de son tout premier Grand déjeuner d’affaires Cogeco de l’année, la Chambre de commerce et d’industrie de Trois-Rivières (CCITR) a invité l’historien Pierre-Olivier Maheux à raconter l’histoire économique de Trois-Rivières. Celui-ci a parlé des grandes métamorphoses de la ville à travers les époques. 

Ce tour d’horizon de l’histoire économique de Trois-Rivières a débuté vers les années 1850. Bien que la ville a été fondée en 1634, aux yeux de M. Maheux, la réelle naissance économique de Trois-Rivières a coïncidé avec la fermeture des Forges du Saint-Maurice.

« Elles avaient besoin de beaucoup de bois pour leur fonctionnement, donc quand les activités ont cessé, cela a fait place à l’exploitation forestière, raconte l’historien. C’était la première métamorphose économique avec le commerce du bois. C’était un nouvel élan pour Trois-Rivières. L’industrie du bois a inscrit Trois-Rivières dans l’économie internationale. Il y avait des bateaux qui partaient avec le bois vers plusieurs pays dans le monde. »

Une autre époque importante a été celle de l’arrivée du train, en 1879. On a vu arriver la première gare sur la rue Champflour. Le bâtiment qui s’y trouve actuellement a quant à lui remplacé l’ancien en 1924. C’est aussi l’arrivée du train qui va mener à la création de la première Chambre de commerce.

« Mais le vrai tournant, ça se passe à Shawinigan, soutient M. Maheux. La naissance de Trois-Rivières du 20e siècle se passe à Shawinigan avec la Shawinigan Water and Power Company, qui va faire venir de grandes industries dans la région. La Wabasso arrive dans le textile et la Wayagamack dans le papier. C’est aussi ce qui va amener la CIP à Trois-Rivières. On a vu arriver plusieurs autres industries à Trois-Rivières à cette époque. »

L’ère de l’association

Avec l’arrivée de ces grandes industries vient une hausse importante de la population. Vers 1900, on recensait environ 10 000 personnes à Trois-Rivières. Trente ans plus tard, ce nombre avait plus que triplé.

L’historien parle des années 1900-1930 comme l’ère des grandes industries alors qu’il qualifie les années 1930-1950 d’ère de l’association. « Trois-Rivières a été très affectée par le krach boursier de 1929, relate-t-il. Vers 1932, c’est le tiers de la ville qui était au chômage. Durant les années 30-40, on a vu naître des PME. Dans le contexte de la crise, les gens se sont pris en main en créant leur propre emploi. Plusieurs se sont tournés vers le mouvement coopératif. »

« Sont aussi arrivées pendant ces années-là les coopératives d’habitation, renchérit M. Maheux. Avec toute la croissance démographique, il y avait une crise du logement en permanence. C’était un problème assez important. La solution va émerger après la Deuxième Guerre mondiale avec l’arrivée de 500 nouveaux logements coopératifs. L’avenue des Coopérants est un rappel à cette époque. »

Pont, aéroport et PME

Après la Deuxième Guerre mondiale, c’est la voiture qui est devenue le nouveau mode de transport. Trois-Rivières a pris ce virage. « En 1956, la Chambre de commerce a présenté le projet du pont Laviolette à la communauté, rappelle l’historien. Il a été inauguré en 1967. Dans les années 1960, l’aéroport est aussi arrivé dans la ville. »

Dans l’histoire économique de Trois-Rivières, on note également la création de 70 PME dans les années 1990. Selon M. Maheux, l’industrie touristique et culturelle regorge aussi de beaux exemples de métamorphoses. Il retient, entre autres, le musée Boréalis et la Vieille prison de Trois-Rivières.

« Le défi a été de s’adapter aux changements économiques et je crois que ce sera encore le cas dans les années à venir. Pensons à l’incendie de 1908, au krach boursier, à la Deuxième Guerre mondiale, etc. Ce sont tous des événements à l’origine de grands changements et ce qu’on vit présentement marquera aussi l’histoire », conclut l’historien.