Refus massif d’étudiants francophones étrangers: « C’est choquant! »

Le député de Trois-Rivières, René Villemure, et son collègue Alexis Brunelle-Duceppe dénoncent le refus massif de visa pour les étudiants francophones étrangers, en particulier les étudiants en provenance de pays d’Afrique, qui désirent poursuivre leurs études post-secondaires au Québec et demandent au gouvernement d’agir rapidement dans le dossier.

À l’Université du Québec à Trois-Rivières, 79% des demandes de visa étudiant ont été refusées en 2021.  Parmi les motifs évoqués, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada affirme régulièrement ne pas être convaincue que les demandeurs quitteront le Canada à la fin de leurs études et l’incapacité financière de ceux-ci à subvenir à leurs besoins, alors que plusieurs d’entre eux reçoivent des bourses ou des exemptions de frais de scolarité, ainsi qu’un soutien financier de leur famille.

« Ça a des conséquences graves sur la vie des gens, lance Alexis Brunelle-Duceppe, porte-parole du Bloc Québécois en matière d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. C’est choquant! D’un côté, on a des recruteurs à l’international des institutions post-secondaires qui leur disent de venir étudier ici en français, d’obtenir leur diplôme et y travailler. De l’autre, les refus de visa étudiant sont massifs. On peut régler le problème. Le ministre a déjà les solutions en main. »

Plus précisément, les deux politiciens souhaitent voir le gouvernement adopter les recommandations du Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration qui s’est penché sur l’enjeu des étudiants étrangers francophones au printemps dernier. Une série de 35 recommandations avaient été émises pour améliorer la situation et transmises au ministre de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Le Bloc Québécois soutient que l’application de deux de ces recommandations en particulier contribuerait à régler 95% des refus.

L’une d’elles concerne la disposition relative à la double intention. Le parti demande à ce qu’elle soit clarifiée dans la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés pour que l’intention de s’établir au Canada ne nuise pas à l’obtention d’un permis d’études. Aussi, il est recommandé qu’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada évalue les étudiants sur leur potentiel et leur valeur pour les institutions et les communautés canadiennes, et non sur leurs liens avec leur pays d’origine.

« J’étais à Kigali en juillet à l’occasion de l’Assemblée des parlementaires de la francophonie. J’ai été interpelé par de nombreux dirigeants d’états africains à ce sujet. Les gens étaient outrés que leurs étudiants ne puissent pas étudier ici au Québec. Ça crée des dommages dans nos relations dans la Francophonie, affirme René Villemure. Tous ces refus représentent moins d’étudiants, moins d’argent pour nos universités, moins de travailleurs ensuite pour le Québec. Ça contribue aussi au déclin de la langue française au Québec. Soyons forts pour le français. »

Dans leurs critiques, René Villemure et Alexis Duceppe-Brunelle ciblent particulièrement le système Chinook, une intelligence artificielle implantée en 2018 par le gouvernement pour traiter un plus grand nombre de demandes. « Il y avait déjà des biais inconscients chez des agents à l’immigration. Ces biais ont été intégrés dans Chinook et ces biais se sont amplifiés depuis. Le taux de refus est anormalement élevé pour les demandes en provenance de certains pays. On demande l’arrêt de l’utilisation de Chinook jusqu’à ce qu’il y ait la preuve que ça ne nuise pas à l’octroi de visas étudiants à des étudiants de la francophonie », précise le porte-parole en matière d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.

« Que l’étudiant décide de rester ou non après avoir obtenu son diplôme, ce n’est pas l’affaire du fédéral. D’ailleurs, la loi permet aux étudiants étrangers de faire une demande de résidence permanente après l’obtention de leur visa étudiant. C’est contradictoire », poursuit M. Brunelle-Duceppe. 

Certes, il est trop tard pour changer quoi que ce soit pour la rentrée d’automne qui se met en branle. Par contre, le Bloc Québécois croit qu’il serait possible de changer les choses à temps pour la session d’hiver.